[Chronique Littéraire] Celle qui portait l’orylium, Paladine Saint-Hilaire

   Nouveau retour de lecture en retard pour le Printemps de l’Imaginaire Francophone, avec un livre très original, issue d’une maison d’éditions qui le semble tout autant. Voici donc ma chronique sur Celle qui portait l’orylium, de Paladine Saint-Hilaire.

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : Celle qui portait l’oryliumcover_orylium_600_large
  • Auteur/Autrice : Paladine Saint-Hilaire
  • Illustrateur/Illustratrice : ?
  • Édition : 1115
  • Collection : /
  • Genre : Science-Fiction
  • Public : Adulte
  • Cycle : One-Shot
  • Pages : 272
  • Parution : 12 décembre 2017
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix :  1,99 euros – 9 euros
  • ISBN979-10-97100-02-5
  • Lien : 1115 : Celle qui portait l’orylium

Résumé : La vérité n’est jamais facile à entendre. Surtout la première fois.
Nous ne te jugeons pas, tu n’y es pour rien. Vingt cycles de conditionnement, ça ne s’efface pas d’un simple claquement de doigts !
Depuis le temps que tu écoutes les mêmes mensonges, ta façon de penser est déformée. Ta vision des choses aussi.
Peut-être qu’un jour tu finiras par nous croire, mais alors ce sera trop tard. C’est toujours comme ça.
Si tu veux mon conseil, oublie ce que nous avons pu te dire, c’est plus sûr. Chercher à en savoir davantage, ça ne t’attirerait que des ennuis.
Nous t’aurons prévenue.

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MON AVIS

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Couverture et Accroche

    Je ne suis pas très attirée par les couvertures réalistes qui exploitent des photographies, ça fait trop littérature blanche pour moi. Heureusement, je ne m’arrête pas à la seule couverture pour faire mon choix, et ce livre, ou plutôt l’ensemble des livres des éditions 1115, recèle des particularités qui invitent à la découverte. Cela tombe bien, il s’agit d’une agence de voyages littéraires. 😉 Pour finir sur la couverture, je précise que je n’en ai compris la portée qu’à la fin de ma lecture, tout comme le titre. Je pense que c’est volontaire. Cela plaira à certains, moins à d’autres, moi j’aime l’idée de seconde lecture de tous les éléments. 🙂

   Le résumé est intriguant et on finit par en comprendre la raison. Il s’agit d’un extrait du livre, plutôt bien choisi, même si un peu énigmatique pour qui voudrait faire un choix de lecture seul. J’ai eu la chance d’avoir été au contact de la maison d’éditions pour faire ma sélection, mais je pense que ce qui décidera beaucoup de lecteurs, c’est la mise en page du livre.

 

Prose et Structure

   Puisque j’en est parlé plus haut, je vais commencé par la mise en page. Parce que celle-ci est singulière et fait partie des éléments qui m’ont décidé à prendre cet ouvrage. En premier, sachez que le livre se lit par les deux bouts. Deux histoires donc, en apparence distinctes, mais qui se réunissent au cœur de l’ouvrage. Un choix intéressant, mais ce n’est pas la seule particularité. Car le livre se lit penché. En effet, l’impression est faite sur la longueur de la page et non sur sa largeur, ce qui oblige le lecteur à tenir le livre dos vers le haut. C’est peu banal, mais j’ai eu quelques doutes sur sa maniabilité, d’autant que j’ai l’impression de l’avoir abîmé plus rapidement en le tenant de la sorte (mais ça peut être lié à la couverture qui n’est pas très épaisse, ou alors je ne suis juste pas très douée ^^). Enfin, point plus anecdotique, mais que j’ai vraiment apprécié, la numérotation des pages qui suit les règles de l’histoire. En effet, dans l’univers dépeint, les individus utilisent plus de chiffres que nous, pour une raison évidente que je vous donnerai plus tard. Par conséquent, tout se compte sur une base de 12, y compris les pages de lecture. 😉

   Ceci expliqué, passons à la narration qui est distincte d’une histoire à l’autre. La première est à la première personne, la seconde à la troisième personne. Elles ont en commun un certaine propension à la prose poétique, bien que ceci se remarque davantage dans la première histoire. Je ne vais pas mentir, c’est un point qui risque de gêner certains lecteurs, car freine un peu l’entrée dans l’histoire. D’ailleurs, ce premier récit se comprend véritablement à la lumière du second et il est possible que commencer par lui puisse décourager. La seconde histoire, plus accessible à mon avis, commence par une introduction descriptive qui intègre de nombreux mots inconnus. Ceux-ci trouveront leurs explications au cours de la lecture, mais je pense là encore qu’il faudra pour certains s’accrocher jusqu’aux premiers dialogues qui décantent cette impression d’étrangeté en opposant au côté littéraire des descriptions, des échanges plus familiers. Personnellement, j’ai bien aimé.

   Pour ce qui est de la structure des histoires à proprement parlé, celles-ci se découpent en passage que l’on pourrait considérés comme des chapitres. La première histoire n’est pas vraiment structurée comme un roman traditionnel, elle n’a pas de numérotation, elle n’a pas de titre, elle vogue comme le rêve qu’elle décrit. Et c’est juste. La seconde histoire se découpe plutôt par introduction de personnages, bien que ceux-ci soient peu nombreux. Entre chaque passage, un extrait de discours permet d’entrevoir certaines réalités de l’histoire. Encore une fois, je trouve cela adapté.

 

Personnages et Narrateurs

   Le premier récit suit une entité immatérielle qui vogue dans le temps et l’espace. C’est assez complexe à expliquer, puisque l’entité évolue entre ses perceptions d’une vie passée difficile à entrevoir, et son intérêt pour une créature semblable à un ver géant qui glisse en direction de l’inconnu à la surface d’une planète étrange. Cette entité est contemplative, ce qui complexifie le lien d’empathie avec le lecteur, même si, grâce à la seconde histoire, on finit par la voir autrement.

   La seconde histoire suit Ekkil 546, une Nageuse qui a quitté sa cité campagnarde pour rejoindre la cité principale, la Riva. Athlétique et très grande comme toutes les Nageuses, elle est aussi enquêtrice, et bien qu’un peu jeune, décidée à démontrer ses compétences en la matière. Elle a du caractère face à ses semblables (celles qui sont à son niveau en terme de castes), moins face à des personnalités plus éminentes. Je n’ai pas spécialement de sympathie pour elle, mais je la trouve juste au sein de l’histoire (comprendre « ceci n’est pas une critique, je répète, ceci… »).

   Les autres personnages sont essentiellement deux femmes, une vieille Nageuse et une jeune Éleveuse, chacune avec son caractère bien défini. Pourtant, de même que pour Ekkil, j’ai ressenti une certaine distance à leur égard. Curieusement, je crois m’être attachée davantage à l’entité de la première histoire. Je ne trouve pas que ce manque d’empathie ait grande importance, cela ne rend pas l’intrigue moins passionnante et l’idée global de l’ouvrage reste vraiment originale. Pour moi, dans ce livre en particulier, ce qui compte c’est ce que raconte l’histoire, non qui la raconte (« ceci est un compliment, je répète, ceci… » ^^).

 

Univers et Atmosphère

   L’univers est pour moi le point central du récit, qui prend le pas sur les personnages. En effet, nous évoluons dans un monde particulier, peuplé uniquement de femmes. J’avoue avoir tiqué chaque fois que j’ai vu l’adjectif « humain » dans le texte, car ce ne sont pas pour moi des êtres humains. En effet, ces femmes ont six doigts (vous comprenez mieux la base de 12 maintenant 😉 ). Elles portent aussi un système singulier à leurs poitrines, puisque ces femmes sont réparties en castes selon leur capacité à produire du lait, lait qui possède un aspect sacré. Les castes ne dépendent cependant pas que de ce détail, mais aussi des capacités ou caractéristiques morphologiques de chacune. Ainsi par exemple une Nageuse est-elle forcément très grande. C’est une système très intéressant à découvrir, bien que complexe, d’autant qu’on est directement plongé dans le bain et qu’il faut apprendre à apprivoiser chaque terme au cours de la lecture (j’aime beaucoup ce type d’immersion).

   Je ne vais pas trop parler de l’univers en général, car il s’agit à mon sens de l’attrait du livre. Néanmoins, j’ajouterai quelques mots sur les Agames, de petites filles particulières sélectionnées pour leur voix magnifiques, et désignées afin de retrouver le chant de la Mère, but suprême de cette société. Elles sont au centre du récit, et chaque information sur ce qu’elles sont rend l’histoire plus troublante et davantage liées à elles qu’aux protagonistes.

 

Intrigues et Thématiques

   La première histoire conte le voyage d’une entité immatérielle à la surface d’une étrange planète vide en apparence. Elle finit par croiser la route d’une créature ressemblant à un immense ver et décide de la suivre dans son périple vers l’inconnu. L’histoire, plutôt singulière, évolue du « je » au « nous », il faut savoir apprivoiser ce langage particulier rappelant les rêves, mais on sort de cette lecture avec une étrange sensation. Sans parler que le récit nous apparaît différemment une fois la seconde histoire lue.

   Cette seconde histoire suit Ekkil qui a quitté sa petite cité pour rejoindre la capitale. En effet, en tant que Nageuse, elle est aussi qualifiée pour mener des enquêtes. Or, une mort étrange à la Riva demande toute son attention. Malheureusement, à peine arrivée sur place, des choses étranges surviennent et elle se retrouve malgré elle prise dans une spirale de révélations qui vont lui faire entrevoir sa société sous une autre facette. Le début est peut-être un peu complexe à suivre pour qui à l’habitude de la narration active et des dialogues, car il s’agit d’un introduction de l’univers dans lequel nous sommes invités à évoluer. Mais quand viennent les premiers échanges avec la vieille Nageuse et la jeune Éleveuse, le ton plus familier permet d’entrer plus activement dans l’histoire. L’intrigue est intéressante, bien qu’il soit difficile d’en parler sans spoiler. Néanmoins, s’il y a une chose qui me semble importante de signaler, c’est que je n’ai pas vu la fin venir. Et ça, vous ne pouvez pas savoir comme ça me fait du bien. 😉

 

Conclusion

   Celle qui portait l’orylium est une oeuvre particulière qui ne pourra pas se trouver entre toutes les mains. Mais si vous êtes de ces âmes aventurières prêtes à sortir des sentiers battus pour explorer d’autres façons de voyager au sein d’une histoire, je vous encourage vraiment à la découvrir. Car elle est dotée d’un gros potentiel et d’une véritable originalité.

 

Envie de prendre un livre par les deux bouts ? 🙂

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7 réflexions sur “[Chronique Littéraire] Celle qui portait l’orylium, Paladine Saint-Hilaire

  1. BOSI dit :

    Ce livre à l’air particulièrement singulier et j’avoue que ça m’intrigue. Tant sa mise en page que son histoire, je trouve ça vraiment intéressant de ce que tu en racontes ! J’ai bien envie de me le procurer maintenant …

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    • bulledeleyna dit :

      C’est une expérience, ça se tente si on a l’âme aventureuse, ça plait ou non. C’est difficile de dire à qui il peut convenir, je pense vraiment que ça dépend de la façon dont on l’aborde. Je doute en tout cas qu’on en ressorte indifférent, je connais une personne qui l’a lu et qui ne pouvait pas dire s’il l’avait apprécié ou détesté, juste que c’était… étrange. 😉

      Aimé par 1 personne

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