[Chronique Littéraire] La vengeance sans nom, de Jeanne Sélène

   Aujourd’hui, un peu de fantasy avec, pour ce rendez-vous en retard du Printemps de l’Imaginaire Francophone, La vengeance sans nom, de Jeanne Sélène.

Séparateur 4

 

FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : La vengeance sans nomLa-vengeance-sans-nom
  • Auteur/Autrice : Jeanne Sélène
  • Illustrateur/Illustratrice : Erica Petit
  • Édition : Autoédition
  • Collection : /
  • Genre : Fantasy
  • Public : Jeune Adulte, Adulte
  • Cycle : One-Shot
  • Pages : 260
  • Parution : 1 juin 2015
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix : 2,99 euros – 14 euros
  • ISBN : 979-1096202249
  • Lien : La vengeance sans nom

Résumé : Le monde d’Astheval disparaît peu à peu sous le joug d’une étrange entité. Lorsque la créature s’attaque à son peuple, la jeune elfe Sylvéa décide de partir à sa recherche en quête de vengeance. Pour cela, elle devra quitter sa contrée et voyager en direction du pays des hommes…

Séparateur 4

 

MON AVIS

Bulle d'Eleyna Logo 2

 

Couverture et Accroche

   La couverture dessinée par Erica Petit est plutôt belle dans ses teintes sombres qui rappellent la noirceur annoncée du récit. Après avoir lu le livre, j’avoue que j’aurais donné quelques touches vertes au visage, afin de mettre en avant l’aspect elfique de l’héroïne. Autre point que je trouve un peu dommage, le titre qui ressort mal sur le fond où quelques éclats de lumière rivalisent avec les lettres. Mais sinon, je la trouve plutôt adaptée au récit.

   Le résumé annonce une quête assez commune dans le genre de la fantasy, la vengeance étant une notion maintes fois déclinée. Le fait qu’on parle d’une elfe destinée à quitter les siens pour traverser des contrées méconnues de sa personne m’a néanmoins intriguée. Promesse tenue donc, pas de surprise à ce niveau. Une petite remarque : l’autrice a décidé de féminiser le mot elfe en « elfine », dommage que ça ne se retrouve pas dans le résumé. Peur de ne pas être comprise du potentiel lectorat ? Il est pourtant sympathique ce mot. 😉

 

Prose et Structure

   Le récit est en réalité double, puisqu’il conte à la fois la quête principale de Sylvéa, à la troisième personne, et un récit que l’on sait plus ancien, à la première personne, un peu comme un journal. La typographie diffère d’un point de vue à l’autre, ce qui permet d’identifier d’un simple coup d’œil dans quelle histoire le nouveau passage nous entraîne. La manière de les enchaîner permet de faire progresser la compréhension du lecteur vers le point culminant du récit. Ainsi, l’un et l’autre point de vue s’accompagne pour nous narrer, au final, une unique histoire où tous les éléments se raccrochent.

   J’ai une préférence pour la prose à la première personne, que je trouve plus habile, ce qui donne une impression plus travaillée et plus fluide. Peut-être l’autrice est-elle plus à l’aise avec la narration à la première personne, à moins que je sois plus exigeante concernant la narration à la troisième personne. Sûrement tous les lecteurs ne seront pas de mon avis, tant mieux pour eux. 🙂

   Outre la succession des deux points de vue, le récit est structuré en 4 parties correspondant à 4 grandes étapes du cheminement de Sylvéa. Pas de chapitres donc, mais des étoiles pour séparer les différentes scènes, et ainsi donner une souffle à l’histoire comme au lecteur. Même si, comme j’ai pu le dire dans une autre chronique, des parties clairement identifiées et plus courtes permettent au lecteur de retourner plus rapidement à sa lecture, ce choix m’a semblé cohérent avec l’idée de fuite vers l’avant, cette idée ressassée que seule la vengeance compte. Quel besoin alors de donner des noms à chaque scène ? 😉

 

Personnages et Narrateurs

   Le récit présente quelques personnages secondaires, mais se concentre sur Sylvéa et le second narrateur, dont on finit par comprendre l’identité.

   Sylvéa est une jeune elfe, ou elfine, qui approche de son 200e cycle, une étape importante pour son peuple, car elle consiste en une épreuve qui la liera à jamais à sa forêt. Comme tous les elfes, elle est de nature enjouée et naïve, pour ne pas dire insouciante. Sa vie s’écoule au rythme de ses amusements et des pas de danses, en attendant de pouvoir s’unir à celui qu’elle aime. Mais la fatalité la frappe de plein fouet, et la voilà confrontée à une toute autre réalité, ce qui la change radicalement. De sa nature folâtre ne subsiste rien, si bien qu’elle devient distante et pas toujours agréable. Pour être honnête, je n’ai pas accroché. Pour mon goût personnel, plusieurs caractéristiques, comme sa froideur ou sa maîtrise un peu trop immédiate d’un environnement étranger, la rendent plutôt agaçante en tant que personnage principal. Je l’aurais probablement davantage appréciée en protagoniste secondaire. Mais elle plaira sans aucun doute à d’autres lecteurs, car elle est obstinée et ne dévie pas de sa route, ce qui je pense, lui donne un aspect de personnage fort . 🙂

    Le second narrateur est un jeune elfe dont on ne connait pas l’identité qui, mal à l’aise au milieu des siens, décide de quitter sa forêt pour profiter de la vie avant d’être contraint au rituel de son 200e cycle. Si les premiers passages qui le concernent sont un peu déroutants à suivre, car impliquant des éléments étranges auxquels le lecteur n’est pas encore habitué, on apprend vite à l’accompagner dans son voyage. Au contraire de Sylvéa, il a bon caractère, et sa jeunesse naïve est touchante dans sa relation avec les humains. Certaines de ses rencontres pourront un peu déroutées, mais globalement, je les trouve plus intéressantes que celles de Sylvéa. De plus, on comprend au bout d’un certain temps de qui il est question, ce qui permet de tisser davantage de liens avec le lecteur. 🙂

 

Univers et Atmosphère

    L’univers d’Astheval est un monde parallèle au nôtre, lié à celui-ci par des passages symbolisés par des trilithes typiques de la culture celtique. Dans ce monde vivent divers peuples tels les humains et les elfes, mais la plupart ne se côtoient jamais, chacun évoluant dans sa partie du monde. Ainsi, le territoire des hommes peut-il paraître aux yeux d’un elfe aussi exotique que notre bonne vieille Terre. Quelques différences en termes de faune et de flore existent aussi. Par exemple, un renard sera typique de notre planète, mais un cheval existera bel et bien dans les deux mondes.

   Autre particularité d’Astheval, la disparition des astres dans le ciel. Chaque jour, une lumière apparaît sans que celle-ci soit liée à un soleil, de même que les cieux nocturnes ne comportent aucune étoile. La faute à l’Ombre qui menace le monde et qui l’a plongé dans cet étrange écosystème où même les nuages n’existent plus. C’est une idée à gros potentiel, mais qui n’est pas véritablement exploitée, si ce n’est au travers de remarques comparatives avec le passé ou la Terre. Dommage, cela aurait pu accroître l’intérêt du voyage en évoquant une adaptation de la faune et la flore par exemple. Vraiment, j’aurais bien aimé en savoir davantage.

 

Intrigues et Thématiques

   L’intrigue posée en fil principal est celle de Sylvéa dont la préoccupation en début de récit est de vivre heureuse au sein de son environnement familier. La première partie du récit nous parle de son quotidien et de son union avec son arbre, cérémonie rituelle que tout elfe doit accomplir à son 200e cycle. Cette première partie est une exposition de son univers connu, si elle n’est pas dotée d’actions fortes, elle m’a convenue. Le passage à l’arc suivant m’a cependant moins plu. J’ai pris du temps à le lire, je ne me sentais pas concernée par sa quête dans un autre univers, dont la justification m’a laissée perplexe (Sylvéa possède un lien particulier qui l’oblige à rester dans sa forêt, mais pas dans son monde, j’aurais aimé comprendre pourquoi). D’autant plus qu’elle se trouvait amorphe durant cette période, la faute au drame qu’elle a vécu. Cela se comprend certes, mais n’aide pas à la suivre puisqu’elle préfère se « déconnecter » du monde, ce qui réduit la tension narrative et les apports descriptifs. Ce second acte a probablement eu un rôle dans mon appréhension de l’intrigue, car malgré de bons moments durant les actes suivants, j’ai préféré suivre l’histoire du second narrateur. Néanmoins, si vous aimez les personnages comme Sylvéa, je suis certaine que l’intrigue vous parlera davantage et que vous passerez un bon moment en sa compagnie. 😉

   Ce que j’ai apprécié cependant, c’est la notion de boucle et de revers du destin. Puisque la vie semble en partie tracée dans cet univers, autant que cela donne des leçons aux gens. La conclusion du roman tend vers cela. Même si je n’ai pas été surprise, il y a cette forme d’audace dans la finalité qui est bienvenue. J’aurais voulu apprécier Sylvéa pour en mesurer toute l’ampleur, mais je ne doute pas que, pour ceux qui l’apprécient, cela ait un réel impact aux sorties de leur lecture. 🙂

 

Conclusion

    Cette histoire suit un chemin assez récurrent en fantasy, un environnement familier bouleversé qui force le personnage à agir et se venger. Si pour moi, le personnage de Sylvéa est trop agaçant, le choix du double point de vue donne au lecteur une chance supplémentaire d’y trouver son compte. En espérant que vous vous sentiez transportés par cette quête de vengeance, vous pourriez bien apprécier avec émotion la conclusion de cette histoire.

 

Qui veut suivre Sylvéa dans son cheminement à travers Astheval ? 🙂

Séparateur 4

UN APERÇU D’AILLEURS SUR

La vengeance sans nom ?

blog-2151307__340

N’hésitez pas à faire un tour sur les autres blogs de critiques littéraires pour vous faire un meilleur avis sur le sujet. 😉

Séparateur 4

haut de page

Une réflexion sur “[Chronique Littéraire] La vengeance sans nom, de Jeanne Sélène

Laisser un commentaire