[Chronique Littéraire] Crimes, Aliens et Châtiments, Pierre Bordage, Laurent Genefort, Laurent Whale

   Aujourd’hui, un ouvrage un peu particulier, puisqu’il s’agit d’un recueil de SF regroupant trois nouvelles de trois grands noms de l’imaginaire francophone, Crimes, Aliens et Châtiments, Laurent Genefort, Laurent Whale et Pierre Bordage (Editions ActuSF).

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FICHE TECHNIQUE

  • Titre : Crimes, Aliens et Châtiments61482
  • Auteur/Autrice : Pierre Bordage, Laurent Genefort, Laurent Whale
  • Illustrateur/Illustratrice : Diego Tripodi
  • Édition : Actusf
  • Collection : Hélios
  • Genre : SF, Extraterrestre
  • Public : Adulte
  • Cycle : Recueil
  • Pages : 304
  • Parution : 15 juin 2017
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Poche
  • Prix :  4,99 euros – 8 euros
  • ISBN : 978-2-36629-843-7
  • Lien : Actusf ; Crimes, Aliens et Châtiments

Résumé : Nous étions adulés, nous parlions devant des stades entiers de lecteurs, nous faisions rêver les foules avec nos romans de science-fiction. Mais pas de bol, les aliens ont débarqué et plus personne n’a envie de lire nos histoires de petits hommes verts. Du coup, pour survivre, nous sommes devenus détectives privés. Pour des affaires liées aux ET, évidemment. C’est bien le seul domaine dans lequel on peut prétendre à une quelconque qualification. C’est que nous, Laurent Genefort, Pierre Bordage et Laurent Whale, avons de la ressource. Aucune affaire ne nous fait peur. Les nouveaux détectives du crime sont là ! Et nos enquêtes sont… euh… formidables ! Enfin parfois…

« Zmygath’ Rchnig, fit enfin le Slug’ en tendant vers moi un tégument mou. Mais les Terriens m’appellent Donatella. »

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MON AVIS

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Lu dans le cadre du 8e Challenge Littérature de l’Imaginaire.

Lu dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire Francophone 2020.

 

Couverture et Accroche

    Je pense qu’on a tous un jour rêvé de devenir le héros de nos propres histoires, de pouvoir illustrer ces petits ou gros délires, en faire des photos souvenirs, quelque chose de réel, de tangible, que l’on peut partager bien après que la flamme créative se soit éteinte. C’est un peu ce que je ressens quand je vois cette couverture, cette possibilité pour les auteurs de revêtir au-delà de leur propre plume, ce costume dans lequel ils ont voulu se glisser, le temps d’une histoire. Personnellement, je la trouve efficace, et même si on voit essentiellement l’aspect polar noir et enquête de détective, on perçoit dans le regard des auteurs ce petit plaisir coupable qui nous annonce quelques aventures aussi drôles que rocambolesques.

   A ce titre, le résumé participe parfaitement à attiser la curiosité du lecteur, en posant les bases assez géniales d’une idée commune, déclinée en trois versions, trois sensibilités d’auteurs que l’on vous invite à découvrir. Et si les extraterrestres débarquaient sur Terre et que la population se lassait en conséquence des histoires de science-fiction, que deviendraient nos auteurs préférés ? Des détectives privés spécialisés dans les affaires aliens, se disent-ils. Après tout, ils s’y connaissent un peu. Mais entre écrire des histoires et vivre la réalité de terrain, il y a parfois un gouffre de la taille de la Voie Lactée. 😉

 

Idée Globale

     L’idée première vient de Laurent Genefort qui a imaginé une novella dans laquelle il s’incarne lui-même en tant que privé pour la population extraterrestre vivant sur Terre. L’idée a plu à un directeur de collection qui s’est empressé de proposer la formule à d’autres auteurs afin d’en faire une anthologie. Et je dois dire que c’est plutôt malin, déjà parce que le concept de base, imaginer que l’apparition des aliens rende les récits fictionnels obsolètes et mette à la rue les auteurs, apporte une vision originale sur les conséquences d’un tel débarquement. Mais aussi parce que l’écriture de ces nouvelles est un challenge personnel pour les auteurs, puisqu’il implique de se mettre en scène soi-même, certes dans une vision fantasmée et humoristique, mais qui engage l’auteur dans une démarche créative un peu différente et pas si dénuée de charme pour le lecteur. Bref, personnellement j’adhère à l’idée et je ne serais pas contre davantage de recueils de ce genre (avec des points de vue féminins, ce serait bien).

 

Nouvelle par Nouvelle

  • « Jennifer a disparu » de Laurent Genefort

    Depuis que les extraterrestres sont devenus une frange de la population terrienne plutôt banale, l’art littéraire de Monsieur G. n’atteint plus son public. Il enchaîne donc les petits boulots pas bien motivants, finit par devenir privé spécialisé, un peu malgré lui, dans les affaires aliens. Une bonne idée en apparence, sauf que Monsieur G. n’a pas vraiment l’âme d’un enquêteur. Il est humble, mauvais négociateur, un peu peureux sur les bords et pas très doué avec les techniques et technologies qui pourraient l’aider dans ses investigations. Reste que se présente à lui une alien à l’apparence qui sent bon la nostalgie et qui lui demande de retrouver son compagnon. Et voici que Monsieur G. s’embarque dans une folle aventure qui pourrait bien lui demander d’avoir des sacrés coups de veine.

    Un texte drôle qui reprend le profil du détective un peu loser devant ses (rares) succès à son entourage et la chance typique des protagonistes d’enquêtes farfelues. Laurent Genefort s’amuse beaucoup avec les références et les clichés du genre, on ressent avec lui des moments de nostalgie autant qu’on sourit de ses péripéties burlesques, dans un road-trip à base d’auto-stop dans des camions de fumier et de rencontres forcées avec la police locale. Une novella amusante, bien pensée et qui fait mouche.

 

  • « Où es-tu, mon Choo ? » de Pierre Bordage

        Tout comme Monsieur G., Monsieur de Garbo est un ancien auteur de SF reconverti dans les investigations pour aliens depuis que ceux-ci ont débarqué sur Terre. Et si comme son collègue, il ne roule pas sur l’or et n’enchaîne pas les affaires à succès, il est toutefois un peu plus à l’aise dans ses démarches d’investigation. C’est ainsi qu’il accepte une drôle d’affaire, celle d’une humaine qui a perdu son amant alien. Un relation inter-espèce interdite qui risque bien de l’entraîner dans de dangereux complots.

    Si le texte par sur des bases similaires à celui de Laurent Genefort, on constate rapidement une différence de ton et d’atmosphère. Moins burlesque, plus sombre et plus dur aussi d’une certaine façon, puisque l’on perçoit les références sociétales plus ou moins dissimulées derrière les apparences aliens. Ainsi, il est question de la haine de l’autre, de cet étranger qui vient d’un ailleurs qu’il n’aurait jamais du quitter. Malgré quelques réflexions amusantes, difficile de ne pas se sentir touché par les comparaisons assez frontales d’homme à cagoules coniques qui prônent la pureté de l’espèce et la purification par le feu. Heureusement, Pierre Bordage est là pour nous rappeler toute la beauté et l’émerveillement qui peut résulter de chacune de nos différences.

 

  • « L’Affaire du FBG » de Laurent Whale

   Novella la plus longue du recueil puisqu’elle fait le double des deux autres, c’est aussi celle que j’ai le moins appréciée. Car si Monsieur W. fait preuve d’originalité en ne commençant pas exactement de la même façon que ses collègues et décide même de s’éloigner de l’univers inventé par Laurent Genefort, il joue aussi la carte de l’humour à outrance. C’est simple, il ne se trouve pas une ligne, une phrase, un paragraphe sans que l’on ait droit à une comparaison, une métaphore ou une analogie, soutenue par un nombre incalculable de références à la culture cinématographique ou littéraire, le tout empaqueté dans une changement de registre récurrent allant du mot imprononçable à la répartie la plus grossière. Pour moi c’est trop, beaucoup trop, et cet excès tue dans l’œuf les tentatives qui, prises individuellement, sont pourtant assez drôles (à l’image des sous-titre de chapitre, par exemple). J’imagine que certains lecteurs ne se lassent pas de ce genre d’humour, et seront ainsi bien meilleur public que moi, mais j’avoue que personnellement, ça a rendu ma lecture laborieuse, au point de sauter des lignes quand je sentais qu’elles n’allaient servir que de démonstration stylistique et non faire avancer l’enquête. Car enquête, il y a malgré tout, et elle est plutôt intéressante, même si plutôt convenue, puisqu’on joue là encore sur des clichés qui impliquent notamment de gros bras serbes. Bref, ce n’est pas mon style, mais ça plaira certainement aux lecteurs habitués aux textes de l’auteur.

 

Conclusion

   Un recueil de SF humoristique qui m’aura satisfaite en grande partie. Si j’ai beaucoup aimé les textes des détectives Genefort et Bordage, j’ai en revanche moins adhéré à celui de l’enquêteur Whale à l’humour trop surdosé pour mes goûts personnels. Un livre que je recommande malgré tout, ne serait-ce que pour cette idée originale d’imaginer nos auteurs préférés reconvertis en détectives privés pour visiteurs de l’espace. 😉

 

Et vous, envie de découvrir les mésaventures d’auteurs de SF ? 🙂

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UN APERÇU D’AILLEURS SUR

Crimes, Aliens et Châtiments ?

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6 réflexions sur “[Chronique Littéraire] Crimes, Aliens et Châtiments, Pierre Bordage, Laurent Genefort, Laurent Whale

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