[Chronique Littéraire] 7 secondes pour devenir un aigle, Thomas Day

   Et si je vous proposais la lecture d’un recueil qui mêle à la fois le fantastique et la science-fiction ? Voici donc ma chronique de 7 Secondes pour devenir un Aigle, de Thomas Day (Le Bélial’).

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : 7 secondes pour devenir un aigle40898
  • Auteur/Autrice : Thomas Day
  • Illustrateur/Illustratrice : Aurélien Police
  • Édition : Le Bélial’
  • Collection : /
  • Genre : Fantastique, SF
  • Public : Adulte
  • Cycle : Recueil
  • Pages : 352
  • Parution : 12 septembre 2013
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Broché
  • Prix :  7,99 euros – 19 euros
  • ISBN : 978-2-84344-121-9
  • Lien : Le Bélial’ : 7 secondes pour devenir un aigle

Résumé : Lumière Noire a dit : « J’ai mes croisés, mes anges, et maintenant ma papesse… »

Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d’un arbre à papillons endémique…

Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte…

Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique…

Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d’exclusion totale de Fukushima…

Des Aborigènes désœuvrés cherchant dans la réalité virtuelle un songe aussi puissant que le Temps du Rêve de leur mythologie…

Une Terre future, post-Singularité, inlassablement survolée par les drones de Dieu…

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MON AVIS

Bulle d'Eleyna Logo 2

Lu dans le cadre du Challenge Littérature de l’Imaginaire.

 

Couverture et Accroche

   Couverture et illustrations intérieures d’Aurélien Police, forcément, c’est magique. ^^ Si je trouve l’illustration de la couverture vraiment intrigante dans ces traditionnels rappels de couleurs de cendre et de sang, je dois avouer avoir une préférence pour les illustrations des nouvelles, en particulier celles de Mariposa et de Shikata ga nai. Elles ont toutes une puissance évocatrice qui colle parfaitement à l’ambiance du texte. Je dirais même que dans certains cas, elles me parlent davantage que les mots.

   J’apprécie plutôt le résumé dans le choix de ses accroches assez énigmatiques et pourtant parfaitement représentatives de chaque nouvelle. Pur des textes aussi courts, je trouve que c’est encore ce qu’il y a de plus adapté.

 

Prose et Structure

   Ce n’est pas facile pour moi de donner mon avis et pour être honnête, ça fait un bout de temps que cette chronique traîne dans un coin. J’ai bien compris que Thomas Day était considéré comme un auteur de talent, mais… sa façon d’écrire ne m’a pas marqué comme tous les blogueurs dont j’ai pu lire l’avis. J’ai bien compris le but, la mise en scène, l’impact émotionnel et j’admire le travail de recherche pour rendre chaque nouvelle réaliste… mais désolée, je n’ai pas accrochée à la majorité des textes. Je suis peut-être blasée, mais je n’ai pas trouvé que le recueil m’apportait quoi que ce soit sur les sujets dont l’auteur s’empare. Peut-être est-ce dans la trame scénaristique, peut-être est-ce dans le style… je reconnais l’intention, mais pas l’émotion. On ne peut pas être satisfait à tous les coups, j’imagine. Cela ne dois toutefois pas vous empêcher de découvrir vous-mêmes les textes de l’auteur. 🙂

 

Nouvelle par nouvelle

  • Mariposa

Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d’un arbre à papillons endémique…

   J’ai eu des difficultés à rentrer dans le récit. La faute au choix de narration, pourtant idée brillante pour mettre en scène cette histoire et garantir le suspense. En effet, Mariposa est une nouvelle qui se présente sous forme d’une succession chronologique de documents : journal de bord, lettres et enregistrements audios. Or, si cela est intéressant, notamment parce qu’on joue beaucoup avec l’évolution du langage, on commence par un journal de bord du 16e siècle… autant dire que les tournures de phrases anciennes et l’absence d’une bonne ponctuation rende la lecture compliquée, surtout tard la nuit (oui, j’aurais du commencer à lire à un autre moment de la journée).

   Un début un peu fastidieux donc, mais qui devient plus fluide dès qu’on passe aux courriers d’un officier japonais, que j’ai particulièrement appréciés. Pour autant, je n’ai jamais réussi à rentrer totalement dans l’histoire. Peut-être parce que le secret ne me paraissait pas si exceptionnel et que j’en avais compris rapidement le sens, peut-être parce que je ne voyais pas l’intérêt d’une telle mise en scène pour me saisir pleinement des thématiques exposées. En vérité, j’ai davantage eu l’impression de lire un récit sur les effets néfastes de la guerre qu’un récit écolo-fantastique. Ce n’est pas un mal, ce n’est juste pas ce que j’attendais.

 

  • 7 Secondes pour devenir un Aigle

Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique…

   Nous faisons ici la connaissance d’un jeune Amérindien qui découvre dans de terribles circonstances ses véritables origines. S’il s’agit là d’un moteur scénaristique pour lui faire découvrir la vie en dehors de sa réserve, et donc les ravages de l’industrie et du consumérisme, j’ai trouvé que ça manquait de fatalisme pour comprendre la gravité de la situation et la nécessité d’en venir à l’éco-terrorisme. L’acte final du père, terrible dans sa futilité, comme une goutte d’eau dans un désert, est finalement noyé dans la quête identitaire du protagoniste. L’idée est bouleversante, mais je n’ai pas été touchée par l’exécution.

 

  • Éthologie du Tigre

Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte…

    La nouvelle que j’ai préféré, peut-être parce qu’elle semble plus ancrée dans le genre fantastique, peut-être parce qu’on parle enfin de la faune puissante, majestueuse et indomptable, ce qui est une drôle d’exception pour un recueil traitant de l’écologie. Ici, on découvre que l’homme, même marqué par la force brutale de la faune, peut toujours éprouver le désir de la défendre.

   L’histoire de la tigresse Burma rappelle la terrible implication de l’humanité dans l’extinction de son espèce. Car outre la traditionnelle accusation du colonialisme européen, c’est avant tout sur la nouvelle forme d’invasion humaine qu’on tente de vous alerter : le tourisme. Car on a beau lui coller un adjectif écolo, de la même façon que les entreprises s’éprennent depuis quelques années du green-washing, nous savons tous qu’en revendiquant notre place dans les palaces en bord de jungle, nous détruisons nous-même l’espace de vie de ces animaux dont nous désirons voler la photo.

 

  • Shikata ga nai

Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d’exclusion totale de Fukushima…

    Il s’agit du texte le plus court du recueil. Racontant le quotidien de trois jeunes pillards qui se rendent en zone radioactive pour ramasser tout ce qu’ils pourraient revendre, on a ici un discours succinct mais direct sur la vie en zone sinistrée après une terrible catastrophe. La tension n’est jamais vraiment palpable, on sent plutôt l’attitude blasée des gens dont la survie n’est pas une question immédiate, mais qui ne sont pas vraiment capables de se projeter dans l’avenir. Un discours qui rappelle finalement la jeunesse actuelle dans un monde qu’elle ne sait pas vraiment appréhender.

 

  • Tjukurpa

Des Aborigènes désœuvrés cherchant dans la réalité virtuelle un songe aussi puissant que le Temps du Rêve de leur mythologie…

   Un texte qui m’aura attristé, et pas sur le sujet principal, curieusement. Il est ici question d’une protagoniste décrite comme ne répondant à aucun critère de beauté de l’univers machiste. Si ce n’est pas sa principale interrogation, elle va à un moment donné se questionner sur l’absence d’héroïne qui lui ressemble dans les livres. Ne cherchez pas loin, la réponse se trouve avec une certaine ironie dans le reste du recueil. Et oui, triste réalité que cette éternelle vision d’un corps de rêve bandant pour l’homme…

   Outre cette thématique secondaire, il est ici question une fois encore du colonialisme, que des Aborigènes décident de combattre par la création d’une réalité virtuelle… mais pas que. Globalement, j’ai été déçue par l’usage fait de la thématique. Même si les limites intellectuelles de la protagoniste permettent de traiter avec cynisme de sa vision du monde, comme on comprendra à sa place les terribles vérités, j’ai trouvé que ça manquait de lien entre les actes commis dans la réalité et la création du monde virtuel.

 

  • Lumière Noire

Une Terre future, post-Singularité, inlassablement survolée par les drones de Dieu…

   Un texte qui tire plus sur la novella et qui parle d’un monde post-apocalyptique comme on peut en voir beaucoup du même genre. Lumière Noire est une entité née de la main de l’homme qui surpasse son créateur comme dans la quasi-totalité des histoires avec des IA autonomes. Elle impose des conditions de vie aux hommes, comme on pourra en retrouver dans certains films de genre. Et bien entendu, des humains tentent de lutter contre le régime totalitaire de LN pour revenir au traditionnel « c’était mieux avant ».

   Sans surprise, le texte veut parler de notre surconsommation des ressources, de notre dépendance à l’informatique et de notre nécessité à vivre connecter pour survivre. Si LN devient un IA autonome tueuse, elle n’a pas tout de suite condamnée l’humanité. C’est bien en démontrant que l’humanité est incapable de se relever de la clôture brutale des bourses ou de se passer de l’actuel marché financier que LN se dévoile comme une métaphore des plus terrifiantes. Nous créons notre propre ennemi, nous creusons nos propres tombes. Au fond de nous, nous le savons déjà. Sommes-nous seulement prêts à agir ou continuerons-nous de sombrer même lorsque notre monde brûlera ?

 

Conclusion

   7 secondes pour devenir un aigle est un recueil intriguant désireux de parler de l’impact de l’humanité sur cet environnement dont elle est pourtant dépendante, mais qui n’aura pas su me convaincre. Si je comprends la fonction et la visée moralisatrice qui se trouve derrière chaque texte aux thématiques très actuelles, je n’ai pas toujours su trouver le chemin pour les relier à mes perceptions personnelles. Reste que ces nouvelles trouveront certainement écho dans le cœur d’autres lecteurs plus sensibles à la façon de l’auteur de conter la noirceur de l’humanité.

 

Alors, ça vous dit de devenir un aigle ? 😉

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