[Chronique Littéraire] La Mort du Temps, Aurélie Wellenstein 

    Nouvelle chronique avec une oeuvre lue dans le cadre du Printemps de l’imaginaire Francophone, La mort du Temps, d’Aurélie Wellenstein.

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : La Mort du Tempsplat-1-bat-bd_la-mort-du-temps
  • Auteur/Autrice : Aurélie Wellenstein
  • Illustrateur/Illustratrice : Benjamin Carré
  • Édition : Scrineo
  • Collection : Jeune Adulte
  • Genre : Fantasy
  • Public : Jeune Adulte, Adulte
  • Cycle : One-Shot
  • Pages : 288
  • Parution : 11 mai 2017
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix :  4,99 euros – 16,90 euros
  • ISBN : 978-2-36740-500-1
  • Lien : Scrineo : La Mort du Temps

Résumé : Un séisme temporel a dévasté la Terre, massacrant une large partie de la population et mélangeant les époques entre elles. Callista se retrouve seule survivante dans un Paris ravagé où s’amalgament deux mille ans d’architecture. Tous ses repères chamboulés, la jeune fille n’a plus qu’un espoir : retrouver en vie sa meilleure amie, restée dans l’Est de la France. Callista part à pied pour un long périple, talonnée par la monstrueuse réplique du séisme qui semble la suivre pour l’anéantir. Si elle s’arrête, si elle ralentit, le cataclysme la dévorera. Au côté d’étranges compagnons, issus de siècles différents, elle va tout faire pour échapper au chaos.

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MON AVIS

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Couverture et Accroche

    La couverture est dérangeante dans sa représentation de l’univers de l’histoire, et c’est le but. La structure psychédélique de la cathédrale est certainement le point qui attire l’œil en premier, puis le lecteur s’attardera probablement sur les ptérodactyles avant de détailler les personnages et de percevoir certaines difformités. Personnellement, je retiens surtout les détails glauques de l’architecture qui rappellent cruellement que les bâtiments ne sont pas les seuls à avoir fusionnés.

    La 4e de couverture m’a pas mal intriguée, en particulier sur cette idée de mélange temporel et de fusion des époques au sein des architectures urbaines. Après lecture, je confirme qu’on n’est pas déçu à ce propos, et que l’univers dépeint est même plus dérangeant que ce à quoi je m’attendais. Attention donc à ne pas vous y tromper, même si c’est un ouvrage jeunesse (enfin jeune adulte, mais il parait que la jeunesse, ça va de 0 à 18 ans ^^), il peut être assez dur sur certains aspects.

 

Prose et Structure

    La prose est simple et efficace. Elle est moderne et ne s’embarrasse pas de longues descriptions ou de tournures de phrases complexes, dans une approche j’imagine qui conviendra très bien aux jeunes adultes ou aux personnes appréciant les histoires rythmées. Cela ne m’a pas cependant empêcher d’éprouver deux-trois répétitions dans les idées, notamment au début, quand on rappelle sur plusieurs chapitres que la destruction de Paris est dû à un séisme spatio-temporel. Heureusement, ces répétitions s’estompent au profit d’une narration fluide et rythmé, à la troisième personne et au passé.

    La structure du récit est classique. Un prologue, une trentaine de chapitres assez courts et un épilogue. Simplicité, efficacité, rien de particulier à signaler. 😉

 

Personnages et Narrateurs

    Callista Sirahaj est une adolescente de 16 ans qui se décrit comme distante et un peu « bizarre » pour ceux de son âge. Adolescence oblige, elle est dans une période de remise en question et se voit fuguer de chez elle avec sa meilleure amie afin d’échapper aux disputes incessantes d’un couple parental qui bat de l’aile. Mais le phénomène clef du récit la rattrape dans ses projets et la voilà à cheminer seule dans un Paris détruit par un séisme temporel. Elle est tournée vers les autres et malgré sa peur, cherchera pratiquement à chaque fois à sauver ceux qu’elles croisent. Ciment du groupe, elle n’en passe pas moins son temps à se poser des questions, à se traiter régulièrement de folle ou à ressasser ses souvenirs. C’est un personnage adolescent à la fois fragile et fort qui, je pense, plaira à son public cible.

   Roland est un chevalier du 12e siècle que Callista croise dès le début de son aventure. Ayant subi les effets néfastes du séisme temporel, il s’est malheureusement retrouvé fusionné à son cheval, en faisant un étrange centaure au corps asymétrique. Fidèle aux croyances de son époque, il voit en l’adolescente une noble Dame qu’il se doit de protéger à tout prix. Il est plutôt tolérant pour un croyant participant aux croisades, et même s’il n’apprécie guère les œuvres du Diable, il s’accommode plutôt bien des événements.

   Gascogne est un chasseur de créatures occultes du 17 ou 18e siècle qui aura malheureusement fusionné avec le loup qu’il traquait. Cynique, il est perçu comme aussi sournois que l’animal dont il a pris l’apparence, et ce n’est pas son tromblon qui risque de rassurer ses nouveaux compagnons. Pourtant, malgré sa tendance à la raillerie et une volonté tenace à rappeler son indépendance, il demeure auprès des autres. Un personnage que j’ai beaucoup apprécié et que j’aurai aimé voir davantage.

  Jeanne enfin est une petite fille de l’époque du récit qui s’en retrouvée isolée suite à la vague sismique qui a changé son environnement. Enfant typique de son époque, elle jure, elle sait tout mieux que tout le monde et elle a un fort caractère, mais surtout, elle adore ses compagnons et ne les perdraient pour rien au monde. Elle est très bavarde, comme beaucoup d’enfants, et ajoute la touche de légèreté au récit.

 

Univers et Atmosphère

   L’univers est à la fois simple et complexe à décrire puisqu’il s’agit de notre monde, mais soumis à un séisme temporel qui mélange l’ensemble des époques passées au sein d’une même strate temporelle. Ainsi, Paris se retrouve avec des bâtiments à la fois de béton et d’acier, mais aussi de torchis et de chaume, de bois et de pierre. Ceci est le plus simple à accepter, un bâtiment, plusieurs époques. Mais les choses ne se sont pas faites simplement et ce n’est pas que la matière morte que le phénomène a fusionné. Non, il a tout mélangé, y compris les plantes, les animaux et les hommes. Et bien entendu, sans contrainte à l’horreur que cela peut engendrer. Ainsi, on retrouve un côté un peu horrifique à imaginer des murs tapissés d’organes vitaux, des gens encastrés dans des meubles ou des rues tapissés d’ossements. Non vraiment, si on pouvait penser qu’un mélange de bâtiments paraîtrait loufoque et intimidant, cette vision-là du phénomène, elle, doit être terrible pour les survivants.

   Dans la continuité de ce problème, on retrouve d’étranges créatures issues à la fois des époques passées, mais aussi de la fusion de plusieurs corps. Roland et Gascogne en sont les représentants les plus évidents, des mutants dimorphes qui doivent accepter de ne plus être totalement des hommes. Ce ne seront bien entendu pas les seuls, mais je vous laisse faire la découverte des autres créatures.

    L’autre aspect principal du récit, c’est la présence du Flash, ce phénomène lumineux apparu suite au séisme et qui frappe toutes les 30 secondes, réduisant en cendre tout ce qui se trouve dans son périmètre d’action. Un phénomène d’autant plus dangereux qu’il semble s’étendre au  rythme de la progression de Callista et ses compagnons, conditionnant leur fugue loin de l’épicentre.

 

Intrigues et Thématiques

    Après avoir aperçu un étrange flash lumineux un soir au balcon de son appartement, Callista se réveille dans une étrange clinique sous les yeux émus de son père. Celui-ci n’a guère le temps de lui donner d’explications, il l’entraîne dans un fuite qui les voit fuir un étrange séisme. Autour d’eux, d’improbables phénomènes se produisent, réduisant Paris à un mélange informe d’architectures de toutes les époques passées. Le phénomène s’accentue jusqu’à s’attaquer au vivant, laissant l’adolescente seule au milieu d’un monde déformé et sanglant. Puis, il y a ce nouveau phénomène, le Flash, qui frappe toutes les 30 secondes en réduisant en cendre ce qu’il touche. Callista n’a alors qu’un idée en tête, retrouver sa meilleure amie dans les Vosges tout en fuyant la force destructrice.

   Le récit commence directement durant le phénomène et prend un peu au dépourvu. On sent que des choses ne vont pas, qu’ils manquent des éléments qui trouveront leur explication plus tard. C’est un choix qui peut déstabiliser, mais j’imagine que pour la plupart des lecteurs, le style moderne permet de passer outre le traditionnel problème d’identification aux personnages inconnus pris dans une situation toute aussi inconnue (vous savez, ce qu’on déconseille souvent aux apprentis auteurs 😉 ). Le reste de l’intrigue est rythmé de nombreuses péripéties, on n’a guère le temps de s’ennuyer, même s’il faut parfois accepter d’être floué sur certains événements pour en obtenir l’explication plus tard. Pas toujours facile quand on est du genre à réfléchir au moindre détail, mais probablement plus simple quand on préfère se laisser porter. 😉

    Comme vous vous en doutez, ce récit pousse à la réflexion sur des thèmes aussi variés que le sacrifice de soi, l’acceptation de la différence ou encore le deuil. Quant à la fin, elle devrait bien plaire, même si personnellement, je n’ai pas été ébranlée par l’ultime twist (la faute à mon éternel besoin d’explications, mais ça…). Cela ne m’a pas empêché cependant d’apprécier l’ensemble de ma lecture.

 

Conclusion

   Un récit de fantasy particulier qui entraîne dès les premiers mots dans une course folle contre le temps qui se délite. L’univers étrange et glauque et la présence perpétuelle du Flash rappellent que le danger est constant pour des individus aussi bien normaux que des mutants improbables. Une réalité qui éveille une terrible angoisse : et si finalement, aucun refuge ne s’offrait contre l’effondrement du temps ?

 

Envie de découvrir Paris sous toutes ses strates temporelles ? 🙂

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15 réflexions sur “[Chronique Littéraire] La Mort du Temps, Aurélie Wellenstein 

  1. Antios dit :

    Oui, franchement, l’univers me tente bien ! Bon, ce ne sont pas forcément les murs couverts d’organes, mais plutôt le mélange d’époques et les personnages qui m’intriguent ! Merci pour ce partage 😉

    Au passage, il faut que je me fasse une liste avant d’oublier les livres qui ont suscité mon intérêt !

    Aimé par 1 personne

    • Eleyna dit :

      Merci pour le compliment. : D
      Ce n’est pas toujours évident de savoir comment tourner nos retours de lecture (j’ai déjà commis des impairs ^^), mais je crois que l’oeuvre y est pour beaucoup.

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