[Chronique Littéraire] Transmission – T2,5 : L’Enfer est pavé de bonnes intentions, Ghaan Ima

   Aujoud’hui, j’avais envie de vous proposer une petite chronique sur le spin-off de la saga de SF post-apo Transmission de Ghaan Ima, doté d’un titre très évocateur : L’Enfer est pavé de bonnes intentions (autoédition).

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : Transmission – T2,5 : L’Enfer est pavé de bonnes intentions51gsvaatecl
  • Auteur/Autrice : Ghaan Ima
  • Illustrateur/Illustratrice : Janet Dado
  • Édition : Autoédition
  • Collection : /
  • Genre : Science-Fiction, Post-Apocalyptique, Thriller
  • Public : Adulte, Public Averti
  • Cycle : 2,5/? (spin-off)
  • Pages : 76
  • Parution : 17 janvier 2019
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix :  1,99 euros – 9 euros
  • ISBN : 978-2490395118
  • Lien : Ghaan Ima

Résumé : Danièle est préparée aux rudes hivers de Montréal, mais ce matin-là, la neige a des reflets roses, comme si elle s’était teintée de sang. Et la brume s’épaissit au loin. Danièle s’en aperçoit à peine car autre chose la préoccupe : un de ses collègues, Erik, celui qu’elle a toujours observé en secret, celui qui n’a jamais remarqué son existence. Elle se prend à espérer qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi. Sauf qu’elle n’est pas dans une romance de Noël et que la brume toxique qui les retient tous deux prisonniers rongera bien plus que les yeux ou la peau. C’est son cœur et son âme qui sont en danger.

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MON AVIS

Bulle d'Eleyna Logo 2

Lu dans le cadre du Challenge Littérature de l’Imaginaire.

Pour voir mon avis sur le tome 1 de Transmission : Quand la pluie viendra, c’est par ici.

 

Couverture et Accroche

   Avant de commencer, je précise que j’ai la version offerte par Ghaan Ima pour remercier ses abonnés, je ne peux donc affirmer à 100% qu’il s’agit de celle en vente.

   Pour ce qui est de la couverture, on retrouve un visuel assez proche de celui pour le premier tome de Transmission, donc celui-ci est un spin-off. On retrouve ainsi des couleurs rouges, un environnement urbain déserté, la silhouette du personnage principal de dos, ainsi et surtout que cette référence à la météo. Ici, point de pluie, mais de la neige, puisque l’intrigue se déroule à Montréal. On conserve aussi un côté contemplatif, plus doux, ce qui colle bien à l’ambiance plus posée de ce tome. J’avoue ma petite préférence pour cette illustration. ^^

   Pour qui aurait lu Quand la pluie viendra, le résumé renvoie tout de suite aux événements catastrophes que l’on a pu y suivre. Le ciel rose et la brume toxique sont annonciateurs d’angoisse et de conflits, aussi bien humains qu’internes. Un bémol pour moi, l’insistance sur l’aspect romance que je trouve un peu de trop, surtout quand on connaît les thématiques de l’autrice, car il ne représente qu’une infirme partie du récit. Bref, n’y venez pas que pour ça, c’est bien un vrai récit de survie dont il est question.

 

Prose et Structure

   On retrouve la plume de Ghaan Ima, simple et efficace, avec ces expressions familières, voire grossières, qui donne un aspect « vrai » au propos. Le choix du présent accentue l’immersion et renforce l’empathie pour la protagoniste. L’atmosphère est néanmoins moins oppressante que dans le précédent tome, ce qui s’observe par des phrases moins courtes, moins hachées, et le choix de figures de style métaphoriques plus prononcées. Si j’apprécie particulièrement ce dernier point, j’avoue avoir été un peu gênée par de rares tournures de phrases, pas toujours évidentes à aborder au premier abord. Au milieu du reste, ça me semblait parfois décalé. Dommage aussi pour les quelques coquilles, mais j’imagine qu’elles ont disparu dans la version commercialisée. 🙂

   La structure est par contre efficace, avec une douzaine de chapitres qui se terminent souvent par ce petit moment de réflexions métaphoriques qui invite à se poser les bonnes questions. En cela, rien n’a changé, l’autrice cherche toujours à vous questionner sur la nature humaine.

 

Personnages et Narrateurs

    Je vais être honnête, j’ai préféré suivre les personnages de ce spin-off (si bien que je regrette un peu que ce ne soit qu’un spin-off). Ma nature humaine et mon expérience y sont pour beaucoup évidemment, et il n’est pas tant question de la qualité de plume de l’autrice que de mes propres goûts personnels.

   Nous faisons ainsi la connaissance de Danièle, la grande soeur de Thomas, protagoniste altruiste de Quand la pluie viendra. Ayant fui la France et sa famille il y a plus de trois ans, elle est désormais employée de communication dans une boîte de jeux vidéos à Montréal. Comme son frère, elle est du genre charitable, bien qu’un peu rentre dedans quand ça lui prend. Son passif fait qu’elle n’éprouve aucune peur à se confronter aux gens qui pensent différemment, si bien qu’elle apparaît rapidement comme une meneuse pour les survivants. Son point de vue sur cette situation est par ailleurs très intéressant et j’aurais apprécié la suivre plus longtemps.

   Danièle est accompagnée d’Erik, son collègue un brin arrogant et égoïste. Directeur artistique d’un gros jeu de la boîte, il se montre hautain avec Danièle, mais pas aussi distant qu’on aurait pu s’y attendre. Pour être honnête, j’ai cru sur les premières pages revoir le duo Thomas/Marco, avec la gentille qui cherche à sauver tout le monde, et un survivaliste qui ne s’intéresse à son binôme que pour son utilité. Mais Erik n’est pas Marco, pas du tout. Même si je trouve son évolution moins intéressante que celle de Danièle, j’ai plutôt apprécié le suivre jusqu’au dénouement.

   Les deux protagonistes sont rapidement suivis par des survivants coincés dans le métro, et qui forment un groupe disparate, comme dans le premier tome. Court récit oblige, on ne s’attarde que sur certains, une mère avec ses deux enfants, un duo de frères au passif de racailles et une dame d’un certain âge à la langue bien pendue. Tous sont bien amenés et apportent cette palette d’humanité bien plus perceptible que dans le tome 1, très tranché.

   Mention spéciale pour le caméo de Kya du tome 1, grâce à la magie de la technologie. Et petit regret sur le fait que Danièle ne semble pas du tout tilté sur ses propos.

 

Univers et Atmosphère

    Nous retrouvons l’univers post-apocalyptique de l’autrice. Avant la catastrophe, la Terre ressemble assez à la nôtre, si ce n’est une légère évolution de technologies déjà existante, comme la montre dotée d’une intelligence artificielle très perfectionnée ou des lunettes à réalité augmentée (qui permettent d’avoir un écran se superposant à sa vue).

    Le rapport à la catastrophe est moins direct que dans le tome 1, tout en étant plus « renseigné ». Protection du métro oblige, les survivants ont davantage l’occasion de se poser et d’user de leur matériel de pointe pour scruter les réseaux sociaux. Ainsi, on apprend rapidement l’origine officielle de ce drame planétaire, l’étendue de la brume toxique, les dégâts violents sur certains territoires, la protection relative du froid à Montréal. Dans leur malheur, les survivants se disent qu’ils ont de la chance, mais est-ce vraiment le cas ?

    L’intrigue explore les secrets du monde souterrain, les protagonistes se déplaçant essentiellement grâce aux galeries du métro. La chance fait qu’aucune eau acide n’a suinté jusqu’ici, si bien que les groupes de survivants y sont nombreux et se partagent entre foule hurlante qu’un rien effraie, et groupes de survie qui déjà anticipent la longue nuit d’hiver. Il y a plus de monde que dans le premier tome, donc davantage de nuances de gris de notre chère humanité. Dommage que le récit soit si court, ça aurait mérité d’être davantage exploité.

 

Intrigues et Thématiques

   Danièle est dans le hall du métro lorsqu’elle constate que dehors, le ciel et la neige ont pris une étrange couleur rosée. Bien vite, une foule qui crache ses poumons s’engouffre dans le bâtiment pour fuir une étrange brume toxique. Percevant dans la foule Erik, un collègue qui lui a tapé dans l’œil, elle s’empresse de le suivre pour se renseigner. Comprenant que les extérieurs sont dangereux, elle décide de passer par les galeries du métro afin de se rendre dans un hôtel où l’air est correctement filtré. Dans ses pas, de nombreux survivants, et devant eux, le début des ennuis.

    L’intrigue est centrée sur la survie du groupe dirigée par Danièle, bien malgré elle. D’ailleurs, toute la subtilité est de montrer que la jeune femme, contrairement à d’autres, ne désire pas ce rôle que tant d’inconnus, par leur simple mouvement de foule, lui attribuent. L’autrice joue sur l’introspection de son personnage, qui comme beaucoup, se pense bonne, sans être forcément meilleure que les autres. La notion de noirceur de l’humanité, que les événements poussent à révéler, est très présente, comme il s’agit d’une thématique récurrente de l’autrice. On peut être ou non d’accord avec elle, comme on sent que c’est vers une certaine « vérité » que le récit tend. Personnellement, je suis quelqu’un de plus nuancé que Danièle, donc… 😉

   J’apprécie particulièrement la fin, très abrupte, mais qui fait sens. Le récit se concentre sur la notion d’humanité, et en particulier celle de Danièle. Elle parle aussi de confiance, et notamment ce que l’on considère comme la confiance aveugle. Il y a aussi ce discours sur la bienveillance maladroite, ce jugement violent de la méconnaissance (il est si facile de juger les erreurs des autres quand on connait soit-même la réponse que les autres n’ont pas). La fin apporte un conclusion à ces réflexions. Certes, on laisse les personnages là où ils sont, mais moralement, la boucle est bouclée.

 

Conclusion

   L’Enfer est pavé de bonnes intentions est un spin-off de Quand la pluie viendra plus posé, comme les personnages nuancés et l’environnement plus « clément » permettent à l’humanité d’exprimer une palette plus étoffée. Si l’aspect post-apocalyptique se perçoit d’avantage dans le huis-clos que dans la confrontation directe à la catastrophe météorologique, l’introspection et les réflexions sur l’égoïsme humain sont toujours aussi présentes. Pas de pervers narcissique, pas d’ange secoureur, ici on vous montre que la survie, c’est avant tout un questionnement sur soi-même. Et vous, que feriez-vous dans cette situation ?

 

Qui veut suivre Danièle dans le métro de Montréal ? 🙂

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Un aperçu d’ailleurs sur

L’Enfer est pavé de bonnes intentions ?

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5 réflexions sur “[Chronique Littéraire] Transmission – T2,5 : L’Enfer est pavé de bonnes intentions, Ghaan Ima

    • Eleyna dit :

      C’est vrai que dans le premier, c’est plus compliqué d’apprécier les personnages. ^^
      Oui, je comprends ton ressenti. Après, je ne sais pas s’il y avait grand intérêt à aller plus loin, du point de vue moral, je trouve que ça s’arrête au bon moment. 🙂

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