[Chronique Littéraire] Le Sens de l’Univers – T1 : Le Tour de l’Univers en 10-43 seconde, Manu Breysse

   Aujourd’hui, une petite chronique pour comprendre le Sens de l’Univers (ou plutôt de la vie) de façon humoristique, avec Le Tour de l’Univers en 10-43 seconde de Manu Breysse (autoédition).

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : Le Sens de l’Univers T1 : Le Tour de l’Univers en 10-43 seconde51ogkchijil
  • Auteur/Autrice : Manu Breysse
  • Illustrateur/Illustratrice : Pierre Gonzalès
  • Édition : autoédition
  • Collection : /
  • Genre : SF humoristique
  • Public : Adulte
  • Cycle : oui (1/3)
  • Pages : 292
  • Parution : Décembre 2016
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix :  2,99 euros – 15 euros
  • ISBN : 978-2-9556965-4-5
  • Lien : Manu Breysse

Résumé : Sareth est Pharaon sur une planète perdue à l’extrémité d’un bras de la Voie lactée. Alors qu’il y fait régner un despotisme pur et dur, il est accidentellement téléporté au centre de la galaxie. Perdu, Sareth va se réfugier dans une bibliothèque de la ville pour tenter de comprendre ce qui lui arrive. Mais sur le point de découvrir le sens de la vie, celui-ci disparait sous ses yeux…

Venez découvrir Sareth et ses compagnons dans leur folle quête pour trouver le sens de la vie ! Quête contre laquelle l’univers lui-même semble les mettre en garde : méduses galactiques, vers à strablot, créatures pandimensionnelles, humains… C’est accompagné d’un alcoolique, de son psy et de la fille en pleine crise d’adolescence de ce dernier que Sareth va affronter les dangers d’un univers affligeant d’absurdités, et qui n’a d’autre but que de faire de la vie une chose rare et précieuse !

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MON AVIS

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Lu dans le cadre du Challenge Littérature de l’Imaginaire.

Service Presse : Je remercie Manu Breysse de m’avoir permis de découvrir son livre. 🙂

 

Couverture et Accroche

    Si à titre personnel, la couverture  ne m’interpelle pas au premier abord, je reconnais qu’elle est parfaitement dans le ton du livre. Il y a un petit côté BD humoristique qui, par sa disposition, permet de renseigner sur le contenu. On retrouve ainsi des éléments de décors propre à la SF, et des personnages hauts en couleur dont les expressions correspondent bien à leur comportement dans l’histoire. Bref, la couverture est à la hauteur de l’histoire, c’est appréciable.

    Le résumé est plutôt intéressant dans sa construction avec une première partie qui explique la trame narrative, et une seconde plus ancrée dans son aspect humoristique. Personnellement, j’apprécie cette façon d’appuyer sur le ton, car même si la couverture suggère l’humour du récit, il n’est jamais de trop de faire quelques rappels à ce sujet. Et puis, avouez que la mention de quelques étranges créatures de l’espace vous donne envie. 😉

 

Prose et Structure

   L’auteur lui-même, ainsi que les nombreux collègues qui lui ont offert de bien jolies préfaces (Andréa Deslacs, Ghaan Ima, Guillaume Deuxzéroetdemi), rappelle que son mentor en écriture est Douglas Adams, auteur du Guide du voyageur galactique. Ne l’ayant jamais lu, je ne pourrais faire la comparaison sur le style, mais l’ayant vu, je peux dire que l’intention y est, c’est certain.

   La narration est ainsi l’un des éléments qui font l’intérêt de ce récit. En effet, le narrateur omniscient ne cesse d’intervenir dans le récit pour apporter, non sans humour, des explications plus ou moins pertinentes sur des mots, des expressions, des situations, des questionnements qui partent parfois très loin. Et c’est, à mes yeux, le point fort du livre. Alors certes, mêlé aux situations et dialogues volontairement absurdes, on peu avoir de quoi s’y perdre. Mais globalement, ça fonctionne plutôt bien.

   Concernant la prose en elle-même, je suis mal placée pour faire la comparaison avec un certain auteur. La plume est simple, le langage courant et le rythme plutôt soutenu. Sur ce dernier point, j’avoue qu’il me manquait parfois des temps de pause, notamment pour appréhender les nouveaux personnages. Mais le style du livre justifie cette débandade vers l’avant, parce qu’après tout, la vie n’attend pas (quoi que… ^^).

   Le récit est découpé en une vingtaine de chapitres dont les titres sont tous composés sur le même modèle (j’imagine que c’est une référence que je n’ai pas, je m’en excuse ^^).

 

Personnages et Narrateurs

   L’idée d’inclure tous ces personnages atypiques est bonne, seulement, elle manque un peu d’exposition à mon goût. Même si je comprends que dans un tel récit, l’attachement émotionnel est moindre que dans un récit dramatique par exemple, j’aurais apprécié un peu d’introspection ou des comportements plus spécifiques à la personnalité de chacun.

   Sareth est un souverain ohlémite, une sorte de Pharaon qui règne sur un peuple rappelant l’Egypte Antique. Il possède d’ailleurs les croyances qui y sont liées, que la terre est plate, que les Dieux s’incarnent dans les astres… On le dit despote, prompt à exécuter les traîtres, ce qui le conduit d’ailleurs bien malgré lui à travers un vortex qui le propulse loin de chez lui, sur une nouvelle planète. Et… on va rarement voir son côté despote, il faut l’avouer. Il s’avère plutôt conciliant dans la remise en question de ses croyances, plutôt perdu dans la découverte de l’univers, et en partie suiveur au sein du groupe qu’il réunit. Il se mêle bien aux autres, un peu trop à mon goût, et sans aller dans l’extrême, j’aurais pensé avoir davantage de réflexions sur son statut de souverain despotique élu des dieux.

   Sareth rencontre Jah, un amnésique qui se noie dans l’alcool pour oublier… qu’il est amnésique. Personnage au potentiel intéressant, il est cependant rapidement relégué au second plan, et n’apporte bien souvent que les touches d’absurde dans les conversations (qui jouent d’ailleurs sur ça, heureusement ^^). Dommage, mais j’en attendais sûrement un peu trop.

   Jah est ami avec son psy, Sigmufred, qui aurait bien besoin de suivre lui aussi une thérapie (surtout pour gérer sa fille ^^). Scandalisé par l’idée que le sens de la vie soit perdu, il décide d’embarquer tout son petit monde, ce qui inclut donc sa fille, dans une quête galactique qui ne sera pas de tout repos. Peu importe le danger, il est prêt à tout, et c’est finalement à mes yeux, le personnage qui possède la meilleure exposition. Sans être forcément très attachant, il a un comportement et des interactions avec les autres qui permettent au lecteur de l’identifier (à soi ou à son entourage) assez rapidement.

   Il y a bien d’autres personnages, certains que l’on attend de rencontrer durant une bonne partie de l’histoire, mais qu’on n’a finalement pas vraiment le temps de voir (#frustration ^^), et d’autre que l’on n’attendait pas forcément dans ce rôle là (#amusement 😉 ). La plupart sont intéressants à découvrir, mais le principe de l’histoire fait qu’on n’a finalement pas vraiment de quoi s’attacher à qui que ce soit. Après, cela empêche-t-il d’apprécier cette lecture ? Je ne pense pas, car ce n’est, pour moi, pas le cœur du récit.

 

Univers et Atmosphère

   Une fois n’est pas coutume, on se retrouve avec une comparaison du Guide du voyageur galactique, mais aussi de nombreux univers de space opera. La galaxie est donc remplie de planètes diverses, elles-mêmes peuplées d’innombrables espèces, pour la plupart humanoïdes, même si pour une fois, l’humain n’y a pas une place centrale (quoi que…). Ce ne sont pas pour autant les créatures les plus intelligentes puisqu’on nous apprend aimablement qu’il y a deux niveaux d’intelligence supérieure au-dessus de celui des primates (dont un qui implique de fameux cétacés 😉 ). Les créatures qui voguent dans l’espace ne sont pas en reste, avec comme mentionnés dans le résumé, des méduses galactiques ou encore des vers de Strabolt très utiles en cas de voyages longue distance.

    L’univers, notamment par l’intermédiaire du narrateur, est rempli de clins d’œil. Les références à l’oeuvre de Douglas Adams sont probablement bien plus nombreuses que ce que j’ai pu en noter (le robot dépressif, certaines phrases sur le sens de l’univers…). Un véritable hommage, à n’en pas douter, si bien que je pense que l’oeuvre s’adresse en grande partie aux fans de l’auteur anglais. Aussi, si vous aimez le Guide du voyageur galactique, je pense que c’est fait pour vous.

   On sent que l’auteur est un scientifique de formation qui a l’habitude de vulgariser ses sujets (croyez-moi bien, ce n’est pas donné à tous les chercheurs). Ainsi, même si le lecteur n’y connait rien en physique, les explications du narrateur sont souvent amenées de façon à parler à tout le monde, sans donner l’impression qu’on est plus idiot que la moyenne. Les quelques fois où la compréhension devient plus ardue relève à mon sens d’un mécanisme de l’absurde de l’explication de données que, de tout manière, le lecteur ne retiendra pas (autrement dit, c’est volontaire ^^). D’ailleurs, je préfère prévenir, pour ceux qui ne jurent que par la hard SF, passez votre chemin à moins d’apprécier rire un peu de la physique quantique. 😉

 

Intrigues et Thématiques

   Sareth est un souverain puissant qui se satisfait de l’aspect immuable de sa vie et de ses croyances. Jusqu’au jour où le hasard frappe pour l’aspirer dans un vortex spatial. Sareth atterrit dans un taxi, point de départ d’une découverte aussi impressionnante qu’insensée : l’Univers. Perturbé aux plus profonds de ses certitudes, il décide de se renseigner à la Bibliothèque du coin, mais alors qu’il croit enfin découvrir le sens de la vie, celui-ci disparaît de la base de données. Il fait alors la connaissance de Jah, un alcoolique amnésique, et de son psy, tous deux tout aussi intrigués par la disparition du sens de la vie. C’est décidé, ils partiront en quête de ce savoir. Autant dire que c’est le début des ennuis.

   Les événements s’enchaînent vite, très vite. On n’a guère le temps de faire la connaissance de certains personnages ou de se poser sur une nouvelle planète pour admirer le paysage. Mais c’est le style du récit qui veut ça et l’humour aide à accepter d’être un peu perdu. Après tout, l’absurde est au centre du récit, comme au centre de la vie, parce qu’on sait bien que tout n’est pas toujours optimisé pour rendre les événements logiques et parfaits à nos yeux (ce serait trop simple autrement ^^). Puis certains personnages ont un poil d’autodérision sur leur situation, et c’est assez appréciable.

   L’une des préfaces, celle de Guillaume Deuxzéroetdemi, invite à se questionner sur ce que l’on apprend d’un auteur à travers ses écrits. Et je dois dire qu’ici, les réflexions philosophiques et métaphysiques donnent un certain aperçu sur la question. C’est par ailleurs très intéressant de voir que les sujets sur lesquels un auteur se questionne sont souvent ceux auxquels le lecteur n’a pas plus de réponses concrètes à donner. Ah si, bien sûr, je sais que certains seraient catégoriques… au premier abord. Mais à l’image d’une certaine scène où soudain Sareth s’interroge sur le pourquoi, ne suffit-il pas d’orienter nos réflexions autrement pour voir que rien n’est jamais simple ?

 

Conclusion

    Ce récit de science-fiction humoristique est un hommage au Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Si vous êtes un admirateur de l’auteur anglais, vous retrouverez certainement de nombreuses références et un humour absurde qui vous fera plaisir. Si comme moi, votre connaissance sur le sujet est plus limitée, sachez que chercher le sens de la vie avec une équipe un brin loufoque et un narrateur qui adore digresser ne pourra certainement pas vous faire de mal… quoi que… 😉

 

Des téméraires pour rejoindre Sareth dans sa quête du sens de la vie ? 🙂

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UN APERÇU D’AILLEURS SUR

Le Sens de l’Univers T1 : Le Tour de l’Univers en 10-43 seconde ?

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8 réflexions sur “[Chronique Littéraire] Le Sens de l’Univers – T1 : Le Tour de l’Univers en 10-43 seconde, Manu Breysse

  1. Deslacs dit :

    Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre, c’est l’intervention de personnages rationnels, avec des motivations vraies (même si pas forcément morales), qui donnent à réfléchir, mais qui dans cet environnement assez loufoque, laissent la porte ouverte aux lecteurs de mieux choisir sa cause.
    Les personnages évoluent au gré des rebondissements, et il faut se rappeler que pour se trouver, il faut souvent savoir se perdre. 😀

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    • Eleyna dit :

      C’est pour ça que j’aime bien Sigmufred, il a des motivations que je trouve particulièrement réalistes. De même, j’avoue que si durant une partie du livre, je me suis demandée pourquoi Jah était autant en retrait, j’ai apprécié les quelques fois où il intervenait avec perspicacité sur sa situation au sein de l’intrigue. ^^

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