[Chronique Littéraire] Le magicien furieux, Cyriane Delanghe

   Nouvelle chronique dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire Francophone, Le magicien furieux de Cyriane Delanghe.

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FICHE TECHNIQUE

 

  • Titre : Le magicien furieux789506507
  • Auteur/Autrice : Cyriane Delanghe
  • Illustrateur/Illustratrice : Sabrina Tobal
  • Édition : Voy’el
  • Collection : y
  • Genre : Fantasy, romance M/M
  • Public : Adulte, Public averti
  • Cycle : One-Shot
  • Pages : 288
  • Parution : 5 mars 2018
  • Langue : Français
  • Format : Numérique – Papier
  • Prix : 5,99 euros – 18 euros
  • ISBN : 978-2364754195
  • Lien : Voy'[el] : Le magicien furieux

Résumé : Le roi Balthazar est également un magicien. Rendu furieux par le rejet de son peuple qui l’a obligé à exiler son amant, il a plongé son royaume dans une nuit éternelle. Mais il est à son tour victime d’une malédiction qui le change peu à peu en pierre.

Lorsque Dervan, un guérisseur, se présente à lui et affirme pouvoir le soigner, le magicien jette aussitôt cet impudent en prison. Mais déterminé à sauver les sujets de Balthazar, le jeune homme ne compte pas renoncer aussi facilement. Il parvient peu à peu à gagner la confiance du roi et à le convaincre d’ouvrir de nouveau son cœur. Toutefois à ce jeu-là, ne risque-t-il pas le sien ?

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MON AVIS

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Service Presse : merci aux éditions Voy’el de m’avoir permis de lire cet ouvrage. 🙂 

 

Couverture et Accroche

   Il n’y a pas à dire, j’aime beaucoup les couleurs de la couverture. Le jeu de contraste, entre le premier plan très sombre autour du magicien, et l’arrière plan plus clair autour du dragon avec les prémices d’un soleil naissant, raconte à lui seul l’idée du récit qu’il illustre. Un seul petit bémol pour moi, la montagne en arrière plan, vraiment en trop (même si on peut y voir là aussi une certaine symbolique).

   Le résumé est accrocheur, on y perçoit bien la tension propre aux prémices d’une romance, qui, rappelons-le, est la touche promise au sein de cette collection. Après lecture, je confirme qu’il correspond bien à l’intrigue des premiers chapitres, même s’il ne prévient pas cependant d’un aspect particulier, dont je vais vous parler dès à présent.

 

Prose et Structure

   Le texte est écrit à la troisième personne au passé et suit majoritairement le point de vue des deux personnages principaux. Jusqu’ici, rien de particulier. Ce qui peut surprendre cependant, c’est la prose. Et celle-ci annonce d’entrée de jeu sa volonté. « Il était une fois », il s’agit donc d’un conte pour adultes. Et l’ensemble de la prose s’y applique. Le vocabulaire est simple, les expressions toutes faites assez courantes (les fameuses 36 chandelles répétées à quelques pages d’intervalle, par contre, c’est peut-être un peu trop voyant), les descriptions limitées ; le but est de se concentrer sur les personnages et leur quête personnelle, comme dans la plupart des contes. C’est un choix, qui peut plaire à certains, et pas à d’autres. Pour ma part, je peux le comprendre et il peut me satisfaire, même si j’ai toujours la crainte que ce type de prose soit associée à un autre aspect que j’apprécie moins, le manque d’explications.

    Le récit est découpé en chapitres, une vingtaine environ, avec alternance entre le point de vue des deux protagonistes. Rien de particulier à ce propos, si ce n’est la fin, avec un retour en arrière que je n’ai pas vraiment aimé, car pas suffisamment bien construit dans son choix de temps (alternance de plus-que-parfait et de passé simple dans un même paragraphe, on sent un petit manque de maîtrise sur le sujet). Si ce n’est ce point, le reste se lit très bien.

 

Personnages et Narrateurs

   Deux protagonistes donc, secondés par quelques personnages, la plupart reste figuratif.

    Balthazar est un roi magicien qui aime les hommes. Persuadé que c’est pour cette raison qu’on a banni son amant, il en veut à la terre entière et décide de se venger en plongeant son royaume dans des ténèbres constantes. On le prétend cruel, en vérité il est coincé sur un trône à cause d’une malédiction qui le change en pierre, et répond de façon acerbe aux rares personnes osant se présenter devant lui. Il est hautain, comme beaucoup de monarques, mais il s’adoucit vite, si bien qu’on ne sait pas trop en quoi il paraissait si malfaisant qu’il en faille le maudire (surtout que son peuple lui pardonne immédiatement). Son seul tort semble être de ne pas s’inquiéter du sort de la population, pas sûre que cela suffise à justifier la misère des gens. Pour moi, il manque un peu de contraste entre l’avant et l’après (enfin, surtout d’une explication de sa « cruauté »), mais nous sommes dans un conte après tout. Il reste un personnage intéressant, je n’ai pas eu de difficultés particulières à le suivre sur la voie de la rédemption.

   Dervan est un jeune homme qui vit seul dans un manoir au milieu de la forêt et qui se présente comme un guérisseur accordant ses soins aussi bien aux humains qu’aux animaux. Il est innocent, enjoué, affable, bienveillant, il croit que le cœur des hommes est bon et c’est avec cette certitude qu’il décide de se rendre dans le royaume voisin pour délivrer le roi Balthazar de son terrible mal. Il est obstiné, mais use de bon sens plutôt que de violence pour imposer son point de vue, ce qui n’est pas pour déplaire au monarque, peu habitué à cette façon de faire. Il manque de confiance en lui, c’est bien le seul défaut qu’il peut avoir et qui peut jouer en sa défaveur. Il découvre aussi l’éveil des sentiments, c’est probablement à ce personnage que les gens venus à ce récit pour la romance s’attacheront le plus.

    Je parlerai aussi des figurants qui sont pour moi l’un des points faibles du récit, puisqu’ils manquent de volonté propre. Les personnages, en dehors de ceux portant un nom, manquent de caractère, ils sont passifs et attendent que les choses surviennent. Ils ne sont ni en colère contre leur monarque, ni apeurés, ni désireux de le servir jusqu’à la mort. Ils vont et viennent dans le récit avec un soupçon d’indifférence qui renforce l’idée que le monarque n’a rien fait qui justifie sa malédiction. Après tout, où étaient-ils, que faisaient-ils, en quoi méritent-ils cette liberté qu’ils ne cherchent pas à obtenir par eux-mêmes ? Dans un conte pour enfant, je peux comprendre que ce type de personnages soient quasiment absents ou inexpressifs, mais dans un conte pour adulte, j’ai plus de difficultés à accepter cela. Heureusement, les dragons ont bien plus de personnalité. 🙂

 

Univers et Atmosphère

    Je l’ai suggéré dans la partie prose, et c’est malheureusement une crainte qui s’est avérée fondée : l’univers, s’il semble prometteur, manque d’explications (en ce qui me concerne, mais je suis assez pointilleuse à ce propos). S’il n’est pas nécessaire d’avoir un aperçu global de la géographie ou de la politique du monde, ni même de nommer les contrées ou d’attribuer des spécificités uniques à l’environnement exploité, il y a des choses mises volontairement en place qui mériteraient un minimum de précisions. Nous sommes dans un conte, certes, mais pour adultes. La magie n’est peut-être jamais expliquée dans Blanche-Neige, mais elle est ici centrale, or rien n’est vraiment détaillé sur son origine, son apprentissage et son application (qui, quoi, pourquoi, quel est le prix, pourquoi ceci fait cela, pourquoi Balthazar peut-il plonger son pays dans le noir sans vraiment fatiguer…). Tout juste nous dit-on que c’est dangereux. Soit, mais au sein du récit, le plus dangereux s’avère être les créatures, non la magie. D’ailleurs la prétendue plus redoutable d’entre elles n’a tué ni même blessé personne avant d’être mise en charpie. On manque un peu d’échelle dans la dangerosité des choses, ou du moins, de démonstrations de cette dangerosité. Difficile dès lors de craindre pour la vie des personnages, c’est bien dommage.

    Autre exemple qui rejoint cet avis, l’apparition d’une gemme qui change les humains en êtres magiques. Une bonne idée, bien exploitée au sein de l’intrigue. Sauf qu’étrangement, tout le monde s’étonne que l’une de ces transformations donne une certaine créature… avant de nous apprendre quelques pages plus loin que ces gemmes sont issues du sang de cette fameuse créature (les personnages étonnés étaient au courant). En quoi donc est-ce si illogique qu’un homme se change en un monstre avec le sang dudit monstre ? N’est-ce pas plus surprenant qu’il devienne autre chose (genre qu’il devienne un loup avec du sang de vache) ? On me dira qu’il y a certainement une explication, et précisément, j’aurais voulu la connaître pour être en accord avec la surprise ambiante (et ne pas juste apprendre que la transformation dépend de la personnalité de l’individu, cela n’explique pas pourquoi s’étonner de l’apparition de cette créature, par ailleurs majoritaire dans le récit…). Bref, ceci est du détail, je le reconnais, mais du détail sur lequel l’autrice s’attarde volontairement, il ne faut donc pas en vouloir aux lecteurs pointilleux comme moi de poser ce type de questions. 😉

 

Intrigues et Thématiques

   L’histoire suit donc Balthazar, roi maudit pour avoir usé de son pouvoir afin de se venger. Le récit passe très vite cette première partie, on ne sait jamais vraiment ce qu’il a fait de si mal pour mériter la malédiction de sa mère. Il semble avoir plongé le royaume dans le noir et puis… délaissé son peuple ? On ne sait pas vraiment, on emploie des mots assez creux pour décrire ses actions (il était méchant, cruel… mais encore ?). Toujours est-il qu’il faut trois ans avant que la reine-mère intervienne de nouveau, désireuse de sauver son fils qu’elle a maudit en le clouant à son trône jusqu’à ce qu’il ouvre de nouveau son cœur (pas très pratique pour se soigner au sein d’un château presque vide). Elle part donc en quête d’un champion qui saura lui faire entrevoir la lumière et choisit Dervan. Le jeune homme, profondément bon, accepte immédiatement et se rend seul au château, déserté à l’exception de quelques gardes et serviteurs. Les mésaventures se succèdent, entre retour à la vie normal et découvertes magiques. Le récit en lui-même se suit bien, la présence des dragons compense celle du peuple humain. On sent quand même que l’histoire a été façonnée autour de la romance et non l’inverse, ce qui explique certainement pourquoi j’ai eu quelques difficultés, mes attentes ne sont pas les mêmes que celles du public visé (même si je pense qu’une romance comme but d’un récit n’empêche pas de rendre les figurants plus réactifs et la magie plus explicable 😉 ).

    En parlant de cela, je ne suis pas coutumière des romances entre hommes, encore moins des collections dédiées à la romance toute orientation confondue, je n’ai pas d’intérêt particulier pour cela (je préfère quand la romance s’intègre au récit, et non l’inverse, mais ce sont mes goûts personnels, nul jugement à ce propos). Ma foi, la romance entre les deux protagonistes n’est pas si différente de certaines que j’ai pu lire. Ils sont attachants dans leur découverte de l’autre, même si Dervan, qui à l’origine n’a pas d’orientation sexuelle certifiée, se dit trop rapidement qu’il est amoureux. L’un est expérimenté, l’autre non, mais ils apprennent chacun l’un de l’autre et se découvrent une complicité qui dépassera les préjugés de tous, y compris les leurs. Autant dire que si vous aimez l’amour plus fort que tout, c’est le type de récit qu’il vous faut. A noter tout de même qu’il y a des scènes de sexe, donc le livre est destiné à un public averti.

 

Conclusion

   Si l’idée d’un conte pour adulte dans un univers fantaisiste m’a plu, le manque d’explications ainsi que le manque de réactions des personnages figurants m’a donné une impression d’inachevée dans ce récit. Dommage, car beaucoup d’idées sont bonnes et les deux protagonistes sont attachants. Néanmoins, je pense que cette fameuse histoire d’amour promise saura combler les fans du genre. 🙂

 

Envie de percer les ténèbres qui planent sur le royaume de Balthazar ?

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Un aperçu d’ailleurs sur

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4 réflexions sur “[Chronique Littéraire] Le magicien furieux, Cyriane Delanghe

    • bulledeleyna dit :

      Moi non plus je ne fais pas partie du public cible, j’avoue que c’est pour cette raison que ce SP m’intéressait. Pour voir si ce type de collections diffèrent beaucoup des ouvrages que j’ai l’habitude de lire. Bon, pour ma part, ça confirme que la romance n’est vraiment pas ma priorité dans une histoire. Par contre, je suis certaine que les lecteurs qui viendront à ce livre pour cela sauront y trouver leur compte. 🙂

      C’est vrai que la couverture est sympa. 😉

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