[Réagir] Le monde du livre #3 : La chronique

   Aujourd’hui, j’avais envie d’approfondir une série d’articles sur le monde littéraire, en complétant celui sur le Service Presse par quelques réflexions sur la façon de donner son avis et de faire une chronique.

Ton avis sincère, tu donneras

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   Vous me direz, c’est évident que chaque avis se doit d’être sincère. Certes, c’est évident… sur le papier. Dans la réalité, ce n’est pas aussi simple. Je passe le cas des gens qui sont volontairement obséquieux et dithyrambiques, ou au contraire médisants et provocateurs. Des gens comme cela, qui cherchent à faire le buzz, à s’attirer la sympathie pour plus de partenariats ou au contraire à attiser la haine pour certainement compenser un problème personnel, vous en trouverez toujours, dans tous les milieux. Non, si je vous parle d’honnêteté, c’est parce qu’il existe un phénomène vicieux sur les réseaux sociaux : la peur de blesser ou de provoquer un déferlement de haine (voir « Ces mots qui brûlent« ).

   La peur de blesser vient de l’idée que chaque remarque négative entraîne une blessure chez une personne susceptible de se sentir concernée par la réflexion. Et c’est là tout le cœur du problème, on ne critique pas l’auteur, mais son oeuvre. Cette oeuvre, il l’a rendue publique, il s’attend donc nécessairement à des remarques d’inconnus qui ne le connaissent pas personnellement (et n’ont donc aucune raison de chercher à le provoquer). Bien entendu, il espère des avis positifs, des coups de cœur et des déclarations d’amour pour cet univers ou ces personnages nés de tous ses efforts. Mais ses lecteurs, fans de toujours ou voyageurs d’un instant, n’ont aucune obligation à tout cela. Ils veulent lire une bonne histoire et s’ils n’ont pas été conquis, ils ont le droit de l’exprimer, que ce soit ou non subjectif. L’auteur n’a pas à se sentir blessé ou humilié de ne pas avoir su parler à chacun, pas plus qu’il ne peut dicter aux gens leur façon de lire et d’interpréter chaque détail de son histoire. Pourtant, il est vrai que certains se montrent particulièrement agressifs face aux remarques, ce qui peut alors entraîner, outre la peur de blesser, la crainte de déclencher le sport national rattaché aux réseaux sociaux : le procès d’intention qui fini en lynchage public (là encore, voir « Ces mots qui brûlent » ^^).

   Je vois beaucoup de lecteurs/blogueurs dire qu’ils ne veulent parler de livres que si ceux-ci leur ont plu, précisément à cause de ces réactions en chaîne. Et je les comprends. Quand on est empathique, on déteste blesser les gens, même si on fait l’effort d’arrondir les angles. Et personne ne veut être responsable d’une polémique qui vire au bain de sang. Mais voilà, à force de voir des gens craindre le clash, on peut aussi se retrouver avec des avis superficiels, qui se ressemblent souvent d’un livre à l’autre et qui n’apportent pas franchement d’informations au lectorat en quête de sa prochaine lecture. Le plus triste dans l’histoire, c’est que ce comportement d’abandon des chroniqueurs donne raison aux quelques auteurs imbus d’eux-mêmes. Cela les encourage dans leurs certitudes qu’ils sont formidables et que les rares à oser dire qu’ils n’ont pas aimé sont juste des idiots qui ne savent pas lire. Or cela fait du mal à tout le milieu, en particulier les auteurs indépendants qui se voient rattachés à ces quelques profils insupportables que plus personne ne veut lire.

    Donc oui, je vous encourage, qui que vous soyez, à donner votre avis, qu’il soit bon ou moins bon. Parce que c’est sain et nécessaire au milieu littéraire. Et parce qu’un auteur, un vrai, saura toujours mettre de côté son ego et accepter que son ouvrage ne peut pas plaire à tout le monde. Après, bien entendu, il y a une façon de dire les choses. Et ça, comme tout, ça se travaille. 😉

 

Ton avis réfléchi, tu peaufineras

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   Maintenant qu’on s’est dit qu’on pouvait donner son avis, qu’on ait ou non apprécié l’ouvrage, il faut se questionner sur la manière de le formuler. Bien entendu, il n’existe ni formule magique, ni règle immuable. Cela dépendra essentiellement de votre approche de la chronique. Déjà, il faut se demander pourquoi vous voulez l’écrire. Est-ce pour partager avec d’autres lecteurs ? Est-ce pour attirer des abonnés sur votre blogs ? Est-ce pour passer le temps ? Est-ce pour affiner votre regard critique ? Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons, il faut seulement être honnête avec soi-même sur la question.

   Ensuite, il faut se demander à qui votre chronique s’adresse. Car si le fond du sujet influence le choix des gens à venir ou non vous lire, la forme aussi. Certains ne s’attardent que sur les avis courts, qui vont à l’essentiel et qu’on peut facilement lire dans les transports. D’autres préfèrent les avis plus détaillés qui, sans divulguer toute l’intrigue, vont plus en profondeur. Certains cherchent carrément des analyses de textes, avec une interprétation pointue sur le fond et la forme. Vous, à qui voulez-vous vous adresser ?

    Bien entendu, ce choix dépend aussi du temps que vous avez à consacrer à votre chronique. Une analyse de texte prendra plus de temps qu’un avis de quelques lignes. De même, on ne va pas se mentir, plus vous prétendez à un commentaire construit et analytique, plus on vous attendra au tournant, ce qui nécessitera de votre part, soit d’avoir d’emblée une culture littéraire répondant à vos prétentions, soit d’effectuer des recherches qui accroîtront le temps nécessaire à l’élaboration d’une seule chronique. Dans tous les cas, cela reste votre choix, pas celui des quelques individus qui réfuteraient votre légitimité.

   Une fois ceci fait, il faut aussi envisager la forme de votre chronique. Car oui, que l’avis soit court ou détaillé jusqu’à la racine étymologique de chaque terme, il y a la façon de dire les choses. Et celle-ci n’est pas définie par des lois préétablies. Vous avez parfaitement le droit de faire une analyse de texte humoristique, tout comme vous pouvez laisser parler votre cœur sur quelques lignes. Là encore, c’est votre choix. Toutefois, il est bon de rappeler que dès lors que vous souhaitez partager votre avis sur un ouvrage, vous avez en quelque sorte la même démarche que l’auteur. A savoir que vous confrontez publiquement votre texte (car oui, votre chronique est un texte) au regard d’un public. Vous devez donc, même pour un avis court, prendre le temps de bien peser vos mots. Il y a des termes qui, inévitablement, finissent par provoquer l’indignation, même s’ils ne sont pas utilisés dans ce but. Si vous ne voulez pas de polémiques, évitez-les. Il y a aussi des registres de langue et des styles de critique qui peuvent être, et parfois se veulent, provocateurs. Je pense au pamphlet qui est un exercice de style qui provoquera nécessairement des réactions épidermiques. A vous de savoir si vous vous sentez prêts à vous engager sur cette voie.

   S’il y a le ton, il y a aussi la pertinence de vos propos. Bien entendu, vous avez le droit de n’écrire que des phrases d’accroche à base de superlatifs que les auteurs s’empresseront de relayer au sein de leurs réseaux sociaux. Mais posez-vous la question de l’utilité de toutes vos réflexions. En particulier au regard de l’ensemble de vos chroniques. N’avez-vous pas des petits mots « chouchous », un peu creux, et qui au fond, n’apportent pas grand chose sur la qualité objective ou subjective de votre dernière lecture ? Que je vous rassure : si, et c’est le cas pour tout le monde. A vous de voir s’ils sont toujours pertinents ou si vous ne pouvez pas les accompagner d’un exemple plus détaillé qui donnerait de la consistance à ces mots passe-partout.

    Quoi qu’il en soit, dès lors que vous vous adressez à un public, qu’il soit composé de quelques âmes ou d’une foule de fans, vous avez la responsabilité de vos mots et donc l’obligation de les réfléchir en amont, quelque soit la forme de votre chronique.

 

Ton avis publié, tu partageras

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   Que ce soit pour vous-même, à savoir faire connaître votre blog, ou pour l’auteur qui vous aura demandé un SP, il peut-être avantageux de partager votre chronique sur différentes plateformes. Vous avez bien entendu les différents réseaux sociaux auxquels vous êtes certainement déjà abonnés : Facebook, Twitter, Instagram, Youtube et j’en passe…

   De nos jours, il est parfois dit que Facebook n’a plus grand importance dans la communication, en tout cas dans le monde littéraire. Je ne suis pas trop l’actualité des réseaux, je ne sais donc pas en quoi il diffère tant des autres, mais il est parfois rapporté qu’il s’agit d’un réseau sur son déclin (pourtant, on y trouve de plus en plus de monde…). Bref, y partager votre avis est jugé comme incontournable et… inefficace. Vous pouvez bien sûr y faire votre propre page, qui n’émergera que si des gens vous suivent déjà (donc pas forcément rentable si vous débutez, mais c’est toujours utile d’en avoir une). Vous pouvez aussi rejoindre des groupes dédiés à la lecture dont l’intérêt est quasi nul dans la majorité des cas. Un fait qui s’explique par la foule de spams publicitaires que tout le monde produit mais que personne ne regarde. A mon sens, les groupes facebook de ce genre sont comme des gares où tout le monde se croisent et s’ignorent… Heureusement, certains sont plus humains (si vous voulez rejoindre la communauté du Printemps de l’Imaginaire Francophone…). ^^

   J’ai vu certains dire qu’il faut lui préférer Twitter, qui a un côté plus instantané et réactif par son format (nombre de caractères limités obligeant à bien choisir ses mots). Mais il s’agit aussi du réseau estimé par beaucoup comme le plus brûlant (voire malsain), là où se forment la plupart des polémiques et des lynchages virtuels (voir… bref vous savez quel lien ^^). Véritable nid de vipères, il vous faudra donc jouer de la rhétorique avec méticulosité lorsque vous aurez à défendre vos points de vue les plus subversifs, notamment lorsque la masse de fans d’un livre que vous avez critiqué organisera une vendetta sur votre compte. A savoir si vous êtes prêts ou non pour cela…

   Le réseau qui a la cote, c’est Instagram, notamment grâce à son principe de « Stories » (publication éphémère qui pousse à rester connecté toute la journée… oui, ne pensez pas que cela a été inventé pour vous faire plaisir). De nombreux auteurs le privilégient pour faire leur publicité et préfèrent confier leurs SP aux lecteurs qui s’y trouvent. Réseau conçu pour le smartphone, il n’est pas évident à gérer lorsque vous voulez passer outre cette contrainte (genre, quand vous avez un téléphone qui fait de mauvaises photos), il faut notamment tricher avec les algorithmes lorsqu’on est sur ordinateur. C’est laborieux, mais ça ne concerne que les gens comme moi définitivement attachés à leur pc, donc la majorité des utilisateurs s’en fichent. Bref, c’est le site à privilégier si vous voulez vous faire connaître en faisant de jolies photos.

   Youtube demande davantage de temps, de moyens et de compétences, puisqu’il ne s’agira pas de seulement vous filmer en train de donner votre avis. Non, il faudra y mettre les formes, inventer une mise en scène plus ou moins élaborée et penser à un montage (on coupe dans une vidéo, on ne laisse pas ses moments de divagation à base d’onomatopées indécises). Vous pouvez pour cela prendre des formations ou demander à des experts en la matière de vous aider à monter vos vidéos. Cela reste probablement la façon de faire de la publicité qui paie le moins au regard des efforts consentis, mais qui doit être la plus gratifiante lorsqu’on atteint un certain niveau de compétences (sans parler que ces compétences numériques peuvent vous être utiles pour d’autres projets).

    Enfin, il existe de nombreux sites spécialisés tels que Babelio, Booknode, Livraddict ou encore Goodreads pour les anglophones. L’avantage, c’est que ce sont des réseaux de lecteurs, donc que vous avez toutes les chances d’intéresser du monde. De plus, vous y trouverez bien souvent des challenges, des jeux, des forums pour discuter avec les lecteurs qui ont les mêmes goûts que vous, voire même des opérations visant à vous faire gagner des livres. L’inconvénient, c’est que ça n’attire pas spécialement les gens sur votre blog, en particulier si vous partager directement la totalité de votre chronique sur le site. Si votre but principal est donc d’augmenter les vues de votre blog, il se peut que ce soit pour vous une perte de temps. Si au contraire vous avez créé votre blog pour communiquer avec d’autres lecteurs, passer par les forums de ces sites peut devenir un indispensable de votre réseau. A vous de voir. 😉

 

Ton avis partagé, tu verras

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   Et les auteurs et éditeurs dans tout ça ? Partagent-ils vos avis sur leurs propres réseaux ? Et bien oui, même si tout dépendra de la personne, mais aussi de vos liens avec celle-ci. Les maisons d’éditions partagent ainsi souvent les avis des chroniqueurs partenaires, ce qui peut se comprendre comme une clause implicite du partenariat entrepris. Ils partagent aussi plus facilement les chroniques de blogueurs connus, ne soyez donc pas étonnés si les leurs sont partagés plus souvent que les vôtres, c’est seulement que vous manquez encore de visibilité et qu’ils ne savent pas forcément que vous existez.

  Les auteurs, notamment indépendants, seront plus à l’affût de la moindre chronique et partageront plus facilement votre avis. Après, on ne va pas se mentir, une grande partie des auteurs ne partagent pas vos chroniques si elles ne sont pas totalement positives (sans être dithyrambiques, il faut qu’elles comportent très peu de points négatifs). Dans les cas restants, aucun ne partage d’avis purement négatif. Et c’est normal, ils veulent se faire de la publicité, pas se tirer une balle dans le pied. Ne prenez donc pas mal lorsque vous voyez que les personnes concernées ignorent votre avis, dites-vous que c’est le jeu de la communication et passez à une autre chronique. 😉

   Il y a un dernier point sur lequel je voulais revenir et qui implique des échanges plus ou moins conscients. Je veux parler du partage des chroniques entre lecteurs. Car oui, des chroniqueurs peuvent partager votre avis lorsqu’ils parlent du même livre. Cela peut être dû à une forme de partenariat entre amis ou individus partageant les mêmes affinités littéraires, mais cela peut aussi venir d’une simple envie de prolonger le partage, notamment en proposant aux lecteurs du blog, des avis différents afin de se faire une meilleure idée sur l’ouvrage en question. Après, comme pour le reste, tout dépendra de votre vision de la chronique, de ce qui vous pousse à l’écrire. Sachez malgré tout que cela reste un élément de votre communication qui peut jouer sur la visibilité de vos chroniques. 😉

 

Voilà, j’espère que ce nouvel article complète bien celui du Service Presse. Et vous, comment chroniquez-vous vos lectures ? 🙂

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Article édité suite aux commentaires

21 réflexions sur “[Réagir] Le monde du livre #3 : La chronique

  1. Apophis dit :

    « Les maisons d’éditions partagent ainsi plus souvent les avis des chroniqueurs partenaires que des petits blogueurs, ce qui peut se comprendre comme une clause implicite du partenariat entrepris. » : c’est un peu binaire, ça. Je ne suis partenaire avec aucune maison, en terme de fréquentation, je ne suis pas un petit blogueur (un tiers de million de vues par an), et pourtant mes chroniques et articles sont largement partagés par les éditeurs. Question de fréquentation plus que de partenariat, donc. Et ce même si je connais des maisons (comme le Belial’) qui sont tout à fait susceptibles de relayer plus facilement un blog peu fréquenté mais proposant des articles de qualité qu’un autre plus connu mais au contenu plus basique. Donc même sur ce plan, il n’y a pas non plus forcément de rapport de cause à effet entre le nombre d’abonnés / de visites d’un blog et le fait qu’il soit relayé ou pas.

    « Pour dire les choses de façon un peu cynique, j’ai toujours trouvé amusant de voir que ce sont les blogueurs qui ont la démarche de communication la moins agressive qui sont souvent les plus prompts à ce type de partage.  » : c’est également très réducteur. Moi et d’autres avons une démarche de communication que tu qualifieras, je pense, d' »agressive » (nous sommes présents sur nombre de plates-formes que tu cites, ainsi que sur les sites et forums spécialisés comme Elbakin, les forums du Belial’, d’ActuSF, etc), et pourtant nous partageons systématiquement les critiques d’autres blogueuses et blogueurs amis. Quant au fait d’établir des « partenariats » entre blogueurs, des trucs formalisés où on se met d’accord pour un échange de bons procédés (« je relaye la tienne, tu relayes la mienne »), je n’en ai jamais vu, pour ma part. Je ne dis pas que ça n’existe pas, mais en tout cas, aucun blogueur de mon entourage ne pratique ce genre de magouille. Personnellement, si je trouve une critique pertinente, ou si quelqu’un fait le relais d’une des miennes, ou si la blogueuse ou le blogueur est quelqu’un que j’apprécie, je partage, point.

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    • Eleyna dit :

      Alors visiblement, il y a un malentendu, parce que je ne parle pas du tout de ce type d’approche publicitaire, mais des gens qui spamment vraiment partout en permanence, qui demandent à tout le monde de s’abonner mais ne vont eux-mêmes visiter aucun blog. Mais puisque c’est mal interprété par des gens qui ne devraient pas se sentir concernés, je vais de ce pas corriger ce début de polémique (mes mots, ma faute).
      Soit dit en passant, je n’ai jamais dit que l’échange ou le partenariat entre blogueurs était de la magouille. Il peut tout à fait s’agir d’amis qui se soutiennent, je ne vois pas où est le problème sur ce point. Ce n’était absolument pas un reproche et tant mieux si les gens apprécient échanger entre eux. Je suis désolée que tu l’aies si mal compris.
      Enfin bref, merci pour ton commentaire.

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      • Lionne BLANCHE dit :

        Extrapoler la phrase d’un article qui recommande de peser ses mots… c’est quand même une drôle de démarche. ^^

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      • Eleyna dit :

        C’est l’illustration par l’exemple (je vais le prendre comme ça ^^).

        Non mais c’est pour ça que je ne vais pas sur les réseaux. Tu as beau essayer d’arrondir les angles, consacrer une partie de tes articles à la bienveillance, l’indulgence, la prise de conscience des biais d’opinions qui font réagir de façon épidermique, à rappeler que tes chroniques sont des avis subjectifs et que ce que tu n’aimes pas peut plaire à d’autres, il y a toujours quelqu’un qui va interpréter un propos d’une façon inattendue. Il suffirait de questionner l’auteur de l’article pour se faire une meilleure idée sur la question, mais les gens choisissent presque toujours la confrontation, le procès d’intention, voire le lynchage public.

        Et hélas, tu peux oublier la reconnaissance mutuelle des torts, c’est presque impossible avec la plupart des gens. C’est pour cela que je recommande de bien peser ses mots et de prendre sur soi quand on ne veut pas de polémique. Ce n’est pas que la responsabilité de l’incompréhension te revient à toi seul, c’est qu’il s’agit du seul facteur sur lequel tu as de l’influence. Tu mets donc ton ego de côté et tu désamorces la situation en reconnaissant que ton propos est maladroit. Généralement, la discussion s’arrête là. Puis si tu l’as un peu mauvaise (parce que ça fait toujours un peu mal de se faire accuser de quelque chose, et c’est souvent pour ça qu’une polémique enfle), dis-toi que tu sais faire preuve d’abnégation, une qualité qui se fait rare. 😉

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  2. OmbreBones dit :

    Article intéressant à lire 🙂 Je fais partie de ceux qui ne parlent pas d’un livre qu’ils n’ont pas aimé, en partie parce que je n’ai pas envie de participer à la mise en avant de cet ouvrage (tu connais l’expression, l’important c’est d’en parler tout ça) mais aussi pour me protéger parce que se faire agresser merci bien. Y’a des auteurs qui sont trop toxiques et égocentriques même s’ils affichent l’image inverse. Plus qu’on ne le pense. Par contre j’ai appris à différencier mon ressenti personnel du roman en lui même donc j’ai déjà parlé de textes que je n’ai pas trop apprécié mais que j’ai trouvé bon tout de même pour un autre lectorat que moi. Je crois que le plus important, c’est de s’y retrouver dans sa démarche et d’être droit dans ses bottes 😊

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    • Eleyna dit :

      Je suis tout à fait d’accord. 🙂
      Je trouve cela surtout triste de penser que les gens ne veulent pas commenter par peur de provoquer la polémique (qui peut venir assez vite, pour tout et n’importe quoi et quand on s’y attend le moins…). On devrait pouvoir exprimer son avis sans avoir l’impression systématique de mettre le feu aux poudres. Je dis aussi cela parce qu’inversement, je fais partie des personnes qui ne vont que très peu commenter chez les autres, par peur de mal faire. Car ça reste, ça marque l’article des autres, qu’on le veuille ou non.
      « Chez moi », c’est mon espace, je n’oblige personne à venir me voir, à me lire, j’ai une démarche autant que possible respectueuse et si je suis parfois maladroite, parce que je suis humaine, je n’écris pas pour provoquer les gens. Du coup, je me sens un peu plus libre de parler, de faire des références à des pratiques que je pensais embêtantes pour tout le monde, des clins d’œil de connivence avec ceux qui passeraient par là. Visiblement, même ça, ce n’est pas évident de le pratiquer sans provoquer des réactions inattendues. Enfin bref, le net quoi. ^^

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      • OmbreBones dit :

        Tu résumes bien : le net quoi. Nous sommes forcées de nous protéger et ça implique certains sacrifices. Par moment ça me fatigue de toujours prendre des pincettes mais ce serait pire si je ne le faisais pas. Je sais que je ne supporterais pas de me faire lyncher (j’ai déjà soupé, merci xD) et dans ce milieu tout va très vite, trop vite. Pas que là d’ailleurs mais bon je parle de ce que je connais. C’est malheureux et j’aimerais que les mentalités changent.
        Heureusement il y a quand même des auteurs bienveillants, des éditeurs positifs et des blogpotes adorables avec qui on peut échanger à loisir sans se sentir mal ^^

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      • Eleyna dit :

        C’est vrai, ça va très vite et ça part souvent de l’interprétation d’un mot ou d’une phrase. Je n’ai pas Twitter, parce que je ne me sens pas le courage de me prendre ce genre de tempêtes en permanence, mais je vois de ces discussions passer… On voit qu’au fond les gens ne sont pas totalement en désaccord, mais sont sous le coup de l’émotion (même ceux qui se disent rationnels et pragmatiques). Ils prendraient le temps d’évacuer ces émotions, de se mettre à la place de l’autre pour comprendre son point de vue, ils auraient souvent des discussions bien plus constructives, même entre individus qui ne parlent pas tout à fait la même langue (on a souvent une différence de cadre de lecture entre les émotionnels et les rationnels, mais il suffit de le voir et d’essayer de se mettre à portée de compréhension… ce qui ne signifie pas par ailleurs être d’accord). Enfin bref, comme tu dis, heureusement qu’on peut discuter calmement avec certaines personnes, même lorsqu’on a un désaccord. 🙂

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  3. Lionne BLANCHE dit :

    Je suis une très jeune et irrégulière bloggeuse, alors, je ne m’inquiète pas trop qu’on puisse vouloir me descendre en commentaires ensuite. ^^ Par contre, si je trouve essentiel d’évoquer les points faibles que j’aurais pu rencontrer dans une histoire, ou, tout simplement, les choses sur lesquels j’aurais moins accroché ; je n’écrirai jamais un article totalement négatif. Déjà, car j’estime que si je n’ai rien aimé, c’est que j’étais sans doute incapable de voir ce que l’histoire pouvait renfermer de bon. Ensuite, parce qu’un tel avis n’aidera sûrement pas l’auteur, et que mon but n’est pas de lui faire du mal. Comme tu le dis, il n’est pas son ouvrage, mais il a quand même mis beaucoup de lui-même à l’intérieur, il a passé bien du temps à le rédiger, à la retravailler.
    Quand on n’arrive pas à entrer dans un livre ou à en achever la lecture, le plus souvent, c’est surtout parce qu’on ne faisait pas partit de son public cible.

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    • Eleyna dit :

      Je suis d’accord, il existe beaucoup de facteurs qui vont influencer ta lecture et qui n’ont rien à voir avec la qualité du texte. Comme dit Ombrebones, c’est là qu’il faut savoir faire la différence entre son ressenti personnel et les qualités objectives du roman. Même les plus analytiques des chroniqueurs rapportent des impressions, qu’ils le veuillent ou non. C’est pour cela que je trouve important de rappeler qu’une chronique n’est qu’un avis, et que c’est au lecteur de se faire sa propre idée (d’où l’intérêt de partager les chroniques des autres, ça permet d’avoir une palette plus large de sensibilités littéraires). Et puis comme on dit, il s’agit d’une rencontre entre un livre et un lecteur à un instant donné. Ce que tu penses aujourd’hui sera peut-être différent de ce que tu en penseras demain. 😉

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      • Lionne BLANCHE dit :

        Oui, il suffit que ce jour-là, on soit mal luné, et ça peut tout changer. ^^ L’auteur n’y est pour rien. Il m’est même malheureusement arrivé de délaisser un livre, car il m’en rappelait un autre que je n’avais pas apprécié. L’effet rejet. :/
        Concernant les partages, j’en use souvent pour contrebalancer mon avis. Si le mien est plutôt négatif, je vais chercher à donner le lien d’articles qui, eux, sont plus favorables, et vice-versa (dans la mesure du possible). Après, j’avoue, je partage aussi systématique celui des amis ou des blogs que j’aime lire. Mais je trouve ça normal, question de solidarité, et puis, quand on apprécie les articles d’une personne, on veut aider à les diffuser. 🙂

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      • Eleyna dit :

        Oui, des fois on n’y peut rien. On a conscience que c’est irrationnel, mais c’est comme ça.
        C’est ça. C’est parfaitement logique et humain de vouloir soutenir les gens que l’on apprécie. ça se voit aussi bien chez les blogueurs que chez les auteurs d’ailleurs. Il n’y a rien de mal à ça. On a tous « nos réseaux », et on a tous le réflexe de vouloir soutenir les gens qui en font partis (d’où parfois l’ampleur de certaines polémiques). Après, je voulais dire que si on a le réflexe de partager les liens de nos amis, on a aussi parfaitement le droit de partager les articles d’inconnus. Et que dans le cas des gens qui cherchent à augmenter leur visibilité, ça participe aussi à les faire connaître. 🙂

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  4. Cécile dit :

    Très bon article…

    Pour ma part je blogue avant tout pour moi… ouais c’est mon petit plaisir égoïste, je bloguais déjà y a 15 ans, avant tout je rédige mes chroniques pour moi, pour mémoire dirait-on, à la fois pour me souvenir ce que j’ai pensé d’un livre mais aussi pour avoir une vision d’ensemble de ce que je pense globalement des livres de certains auteurs… Je blog aussi pour entretenir mes restes rédactionnels, ça peut paraître bête mais en vieillissant (j’ai 41 ans) si on entretient pas, on perd… et, la vie étant compliquée, on ne peut tout le temps écrire autant qu’on le souhaiterait… Je ne développe pas mon blog autant que je le voudrais parce qu’à côté je suis auto-entrepreneuse et ma masse de travail est trop considérable pour m’investir réellement dedans mais je tiens à garder ce semblant de blog, sa transparence m’indiffère, c’est pas bien grave…

    Ensuite bien évidemment pour donner envie de lire certains livres… Pour ma part, je pense que c’est utile aussi de partager des chroniques négatives, d’ailleurs il y a peu chez La patate des ténèbres, une de ses chroniques pas très positive m’a donné super envie de découvrir son livre… les raisons qui font qu’on n’aime pas un livre peuvent être celles qu’une autre personne aura envie de le lire…

    Je partage ton avis sur les réseaux sociaux et les groupes, il n’y a vraiment que dans de petits groupes comme le PIF où on prête attention aux retours de lecture des autres…

    Sinon il y a un point que tu n’as pas soulevé, c’est se faire insulter ou malmener par d’autres lecteurs parce que tu as aimé un livre qu’ils n’ont pas du tout aimé, ça aussi ça arrive… sur Babelio je me suis fais insultée comme ça une fois…

    Le net est un monde merveilleux 😉

    En tout cas les filles (celles que je suis du PIF), j’aime beaucoup vos chroniques et je vous encourage en temps que « vieille » routière des blogs, de rester vous-mêmes et d’afficher vos opinions bonnes ou mauvaises, votre authenticité c’est le plus cadeau que vous pouvez offrir à vos lecteurs, mon opinion bien sûr 😉

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    • Eleyna dit :

      Merci pour ton commentaire, ça me fait très plaisir. 😀

      Oui, tu as raison, je n’ai pas parlé du blog pour se faire plaisir (je partais des restes de mon précédent article sur les SP, j’étais dans l’optique « je vais écrire un petit article pour les nouveaux venus qui veulent se lancer dans la chronique de livres »… bon j’aurais peut-être du prendre davantage le temps pour le réfléchir… l’ironie de la situation… enfin bref… ^^). Mais je te comprends parfaitement. A la base, j’avais ouvert mon blog pour une démarche beaucoup plus personnelle, que j’ai finalement mise en pratique d’une autre façon. Il est resté à l’abandon durant quelques temps, avant finalement que je décide de m’en servir pour parler de mes lectures. Pareil, je ne cherche pas à me faire connaître (et je pense que c’est pour ça qu’on peut croire que j’accuse les autres de publicité agressive, alors que vraiment, je parle d’un cas précis qui agace tous ceux que je connais… clin d’œil raté, tant pis ^^). J’aime l’idée que mon avis puisse aider des rencontres entre des livres et des lecteurs. Je ne demande rien de plus. Mais j’ai conscience que d’autres veulent au contraire se faire connaître. Et je ne pense pas que ce soit un mal, bien au contraire. Chacun ses objectifs. 🙂

      Je suis tout à fait d’accord sur l’idée qu’un avis négatif peut te donner envie de lire le roman en question. Tout dépend de ses intérêts personnels (genre, on peut ne pas aimer la romance, donc la moindre romance peut nous agacer, mais ce sera au contraire un argument de vente pour d’autres lecteurs). Au contraire, trop d’avis positifs peuvent rebuter. C’est le cas chez moi (je suis naturellement programmée pour nuancer, je crois, alors forcément, trop dans un sens, ça me fait aller dans l’autre… mais j’en ai conscience ^^).

      J’avoue que je n’étais pas trop présente cette année sur le groupe du PIF (l’excuse du contexte, tout ça… ^^). Mais c’est vraiment celui où je me sens le mieux. J’aimerais en trouver un qui dure toute l’année, je cherche encore. ^^

      Non mais les gens réagissent spontanément un peu à tout et n’importe quoi, donc ça ne m’étonne pas que tu te sois fait insulter pour si peu. Au pire, ce n’est qu’un avis, si on est en désaccord et qu’on n’arrive pas comprendre les avis des autres, on peut aussi les ignorer. C’est toujours moins néfaste que de chercher le conflit. Enfin bref, le net quoi (ma nouvelle accroche). ^^

      Merci en tout cas pour ton message. Je te souhaite une bonne route sur les sentiers de l’imaginaire. On continuera de s’y croiser, je pense. ❤

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  5. Light And Smell dit :

    Article intéressant et qui a le mérite de souligner certains points problématiques dans les rapports blogueurs/auteurs même si en général, tout se passe bien 🙂
    Pour ma part, je ne me pose pas de question. Je chronique tous mes SP et mes lectures personnelles quand j’en ai le temps en veillant toujours à détailler mon point de vue et à l’argumenter que mon avis soit positif, mitigé ou négatif… Je refuse de me censurer pour éviter la vindicte de certains. Mais pour le moment, je suis chanceuse, la plupart des auteurs ayant respecté mon travail même quand il ne leur était pas favorable.

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    • Eleyna dit :

      Merci. 🙂
      Voilà, je faisais cet article notamment dans l’idée de prévenir de façon succincte sur les différentes problématiques que l’on peut rencontrer en voulant se lancer dans la chronique de livres, quelle que soit la motivation derrière. Et malheureusement, je trouve dommage de lire que des blogueurs ressentent la pression du retour de bâton de certains auteurs. Surtout que ces quelques profils d’auteurs désagréables peuvent donner une très mauvaise image d’un milieu où les gens restent globalement bienveillants. Mais il n’y a pas que les auteurs, il peut aussi y avoir des lecteurs/fans un peu trop réactionnaires et mêmes certains blogueurs qui peuvent être désagréables entre eux dès qu’il s’agit de parler « compétence » ou « thématique sociétale » (mais ça, je le vois surtout sur les sujets annexes à la lecture, comme les conseils d’écriture, la classification des genres ou la représentation de la diversité, où les gens se prennent vite la tête parce qu’ils n’ont pas le même cadre de lecture). Bref, un blog n’est pas censé être un endroit particulièrement sensible de la toile, mais ça reste un espace public, et comme partout on peut obtenir des réactions inattendues, voire blessantes, surtout quand on y est pas préparé.

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  6. lael chezlaventurierdesreves dit :

    hello, sympa l’article. Pour les critiques négatives, jusqu’à il y a peu je n’avais pas de problèmes. Je pars toujours du principe que mon avis est subjectif, qu’il est lié d’ailleurs à un instant T et qu’il peut changer. Et puis je me suis mise à lire des auteurs français récents, tout en écrivant moi même, et là ça se complique ^^ Autant y’a pas de risque à critiquer un Asimov ou un K Dick, autant un auteur français relativement méconnu, c’est difficile dès que ce n’est pas positif. Et j’ai un peu la poisse faut dire, j’en suis à trois livres qui me tombent vraiment des mains. Je sais en tant qu’autrice que ce n’est pas évident de recevoir un avis négatif, mais si il est argumenté, ça peut être en fait un atout. J’ai d’ailleurs été marqué que la pire critique que j’ai posté a reçu un commentaire me disant que les points qui m’avaient fait haïr le livre l’intéresse, et qu’il allait le lire ! Autant dire que là tu comprends la valeur d’un avis quel qu’il soit.

    Bref, sur les trois livres français qui me posaient problèmes, car j’ai toujours eu à cœur de critiquer toutes mes lectures (et pas juste ce que j’ai aimé, ce que je n’aime pas comme posture)… le premier, j’ai pas mis de note et j’ai bien dit en large et en travers que c’était mon avis subjectif, bon ça s’est pas trop mal passé, même si ça fait un peu mal quand tu croisse l’auteur pendant un salon et que tu lui réponds honnêtement que non t’as pas aimé XD Salon suivant « ah c’est toi qui n’avais pas aimé, heu oui ». Maintenant je l’évite pour ne pas en rajouter, le pauvre « -_- Bref le deuxième livre au départ je voulais pas en parler, mais j’ai la hantise d’oublier la référence et de le racheter lol et là je suis en train de lire le troisième livre. Pour l’instant j’ai commencé un brouillon d’article où je donne mon avis sur ce livre tout en essayant de pas être trop méchante (j’avoue que sur le style j’ai du mal mais je vais me retenir) et de trouver du positif. et je vais en profiter pour parler brièvement du deuxième. Mais bon je balise un peu vu que j’ai l’autrice du troisième bouquin dans mes contacts FB « -_- Vais-je la notifier ? Lui passer le lien de la chronique en privée (pas avant la publication, la tentation serait trop forte de modifier et censurer après) ? Je ne sais pas du tout ! Si vous avez des conseils d’ailleurs ça m’intéresse !

    Bref le milieu est petit et quand on est partie prenante ce n’est vraiment pas évident, rien à voir avec un lointain auteur américain sans doute décédé. Mais je crois fermement que l’on doit éviter de s’autocensurer, et que la critique négative fait parti du jeu. C’était les petites lignes en bas du contrat quand on a signé 😉

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    • Eleyna dit :

      Merci pour ton commentaire. 😀

      Ce que je retiens surtout de ton témoignage, c’est cette peur de blesser les auteurs que l’on connait ou que l’on peut croiser en salon. Et si sur le fond je comprends, en particulier si cette peur est issue d’une réelle bienveillance, je n’aime pas trop l’idée de se montrer plus indulgent envers ceux que l’on connait, que l’on apprécie, ou qui peuvent potentiellement nous rendre un service. Il y a une idée de facilité dans la critique de gens que l’on ne connait pas, un peu comme sur les réseaux où sous couvert d’anonymat, on se permet de critiquer des gens qu’on n’oserait jamais aborder en face à face. C’est humain, nous le faisons tous, mais ce n’est pas totalement honnête. Et en réalité, pour peu qu’on ait l’œil, il peut être facile de déterminer quel blogueur est aussi auteur, quel chroniqueur a des amis auteurs (ou des partenariats), car les critiques d’une certaine ME ou d’un certain auteur sont alors souvent meilleures (voire dithyrambiques) que le reste des chroniques (sur les œuvres étrangères notamment). Ce n’est probablement pas toujours volontaire, les biais d’opinion jouent (on est naturellement plus indulgent avec son entourage ou avec les gens qui nous font « confiance » comme le cas des partenariats), mais ça se voit dans le ton, les termes employés, les arguments utilisés, etc.

      Et dans le cas de la littérature francophone, je pense que cette volonté de ne pas critiquer son collègue (par peur peut-être qu’il le fasse payer, ou par simple esprit corporatiste) participe à amoindrir la qualité globale de la production littéraire. Car les nouveaux auteurs n’acceptent plus la critique qui devient rare, ils n’acceptent donc plus leurs erreurs, la remise en question, l’amélioration, l’évolution du milieu, les questionnements sociétaux (voir actuellement la virulence des débats sur certains sujets). Pour moi, il est nécessaire de dire les choses aux gens, autant que possible avec tact et bienveillance. D’autant plus si on apprécie la personne. D’ailleurs, j’ai remarqué qu’énormément de gens confondent la bienveillance et la flatterie. Etre bienveillant, c’est vouloir le meilleur pour l’autre, y compris quand cela remet en doute ses certitudes (la flatterie, c’est vouloir le meilleur pour soi, en l’occurrence, garder l’estime de l’autre ou ne pas passer un mauvais moment). Tu ne désires pas que tes proches persistent dans leurs erreurs, ça devrait être la même volonté envers n’importe qui. Pour moi, il faut se dire qu’une critique, toute subjective qu’elle est, sert autant le lecteur que l’auteur. On écrit une chronique pour les autres (je sais que certains répondent pour eux-mêmes, mais à partir du moment où tu mets du contenu public, c’est bien que tu cherches à communiquer avec autrui, que tu en aies conscience ou non), il est normal pour moi de se demander ce qui peut être utile pour ces autres.

      Après, bien entendu, si tu as une démarche pour faire le buzz (je ne critique pas, ce n’est juste pas la même démarche), là tu t’interroges davantage sur ce que les gens veulent voir/lire, sur ce qui marche, indifféremment de ce qui est utile. Mais si ton but est que ton avis apporte qqc aux autres, alors pour moi, il ne faut pas avoir de gêne à dire qu’on n’a pas aimé, tant qu’on s’efforce d’argumenter. Et d’ailleurs, il ne faut pas avoir honte non plus de le dire ouvertement à l’auteur quand on le croise. Si tu le fais avec respect, il n’y a pas de raison pour que l’auteur le prenne mal, et il pourra au contraire apprendre de toi, car c’est certainement une rencontre assez rare pour lui (d’autant qu’en direct, il est toujours plus simple de se faire comprendre, car il y a tout le non-verbal en plus, et donc les signes corporels que tu n’es pas là pour le démonter, mais bien pour l’aider à comprendre pourquoi toi, ça ne t’a pas touché comme il l’espérait). S’il le prend mal au point d’être franchement désagréable, c’est quelqu’un qui humainement ne mérite pas que tu perdes ton temps. A toi de voir si tu souhaites persister ou non dans tes lectures et chroniques (perso, c’est non ^^).

      J’ajoute qu’il ne faut pas toujours prendre pour soi le fait d’avoir vexé une personne quand on sait que ça lui apprend à se remettre en question. On est tous susceptible, en particulier sur ce qui nous tient à cœur ou sur ce que l’on croit maîtriser, il y a inévitablement des moments où en disant simplement ta vérité, aussi respectueux que tu sois, tu blesseras quand même la personne. Là, c’est à elle de faire son travail sur elle-même, d’apprendre à prendre du recul, d’accepter que la critique est utile. Comme on dit, il n’y a qu’une seule chose sur laquelle on a du contrôle, c’est soi-même. Tu dois donc contrôler ta façon d’apporter ta critique, mais tu ne pourras jamais contrôler la réaction d’autrui (même si en connaissant la personne, tu peux mieux gérer l’effet de ta remarque). C’est comme ça, c’est frustrant de voire que la personne n’a pas compris ta remarque de la même façon que toi, mais il faut se faire une raison.

      En tout cas, je suis pour encourager la critique négative constructive envers tout le monde, y compris et surtout envers ceux que l’on connait et que l’on apprécie. Si on s’y mettait tous, on serait tous éduqués à recevoir la critique (et donc à différencier la critique constructive de l’attaque personnelle) et on accepterait tous plus facilement de se remettre en question pour ne pas persister dans nos erreurs (parce qu’inversement, si tu as peur de donner une critique, c’est souvent que toi-même tu la crains ou que tu refuses de te remettre en question, et c’est normal, c’est humain). Mais bon, c’est un peu utopique. ^^

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