[Ecriture] Bon vs Mauvais (questionnement sur la valeur morale des choix de personnages)

   Je me pose la question depuis un certain temps au regard de plusieurs œuvres imaginaires grand public qui englobent aussi bien la littérature, le cinéma et le jeu vidéo. Qu’est-ce qui différencie un bon d’un mauvais choix/acte/individu ? Celui qui suit le courant moral majoritaire ? Celui qui sauve le plus grand nombre de vies ? Celui qui préserve les personnes utiles ? Celui qui défend son camp ? Je trouve la question complexe, car je me suis aperçue que je remettais souvent en doute cette propension assez évidente à émettre un avis tranché sur les causes et les conséquences de ce qui se déroule dans une oeuvre.

(Même si je parle d’œuvres issues d’autres supports, je mets l’article dans « Ecriture », car les notions évoquées dépendent de l’écriture du scénario. A noter que je parle bien d’œuvres grand public et que je sais qu’il existe la dark fantasy, tout ça tout ça… 😉 )

 

Ce que l’on entend par Bon vs Mauvais

   Pour simplifier, je dirais que dans une oeuvre grand public, un protagoniste est vu comme celui qui fait les bons choix, quels qu’ils soient, alors que l’antagoniste reste celui qui se voit doté du mauvais karma. Dans de rares cas, le protagoniste fait un mauvais choix, mais pour de « bonnes » raisons (il s’est fait manipuler, il est trop naïf, il n’avait pas pensé aux effets secondaires…), et on lui pardonnera presque à chaque fois (si ce n’est le lecteur, ce sera du moins le cas pour les personnages secondaires). A l’inverse, l’antagoniste peut avoir toutes les bonnes raisons du monde, il suffit d’une bévue qui ne soit pas toujours de son fait pour affirmer qu’il est le héraut incontestable du mauvais camp.

    Mais faut-il vraiment parler de bon et de mauvais ? Ne devrait-on pas nuancer en exposant une palette d’opinions aussi vaste qu’il existe d’individus ? J’avais envie de prendre plusieurs exemples pour illustrer mon questionnement. Attention, spoiler obligatoire sur les œuvres citées (Avengers Infinity War, Equalizer 2, inFamous 1 et 2, Les Indestructibles 2).

 

Ces choix jugés immoraux et égoïstes, qu’importent les bonnes raisons derrière

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C’est toujours le super-héros qui a le dernier mot.

   Pour ceux qui me suivent, vous savez que je suis récemment allée voir Les Indestructibles 2. Dans ma critique, j’émettais une réserve concernant le traitement de l’antagoniste, notamment sur la façon catégorique de juger ses agissements. En effet, celle qui fomente pour la destitution des super-héros, agit pour une raison : elle a peur que la société devienne dépendante des super-héros et ne sache plus vivre sans eux. Et, comment dire… Son argument se tient. Son argument se tient parce qu’il entre en résonance avec un constat, celle de la dépendance de la population vis-à-vis de ses autorités locales. Alors certes, on n’en est pas au point où plus personne ne sait s’occuper de sa propre vie (quoi que), mais… Je comprends la peur de l’antagoniste, je comprends qu’elle craigne que mettre sur un piédestal les super-héros façonne une société où chacun jugera inutile d’intervenir en cas d’agression parce qu’il y a des individus pour cela (individus qui se feront lyncher à la première bévue, n’est-ce pas ?). Je comprends son besoin de défendre cet idéal d’une population consciente de ses actes et prête à agir par elle-même. Et je suis déçue que le film balaie cet argument parce qu’il vient de l’antagoniste. Bien entendu, ses actes sont condamnables, elle a fait les mauvais choix pour défendre ses idéaux. Mais ses raisons sont-elles aussi mauvaises ? N’est-on pas content qu’elle échoue uniquement parce que les protagonistes sont les supers-héros (sans même poser de conditions à leur réhabilitation, eux qui ont la capacité de détruire une ville si seulement il leur prenait l’envie) ?

    Autre exemple, inFamous, que je trouve d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’un jeu vidéo où l’une des caractéristiques principales est le karma. Dans une ville mise en quarantaine, vous jouez un personnage avec un caractère bien défini, mais qui a la possibilité de faire des choix classés bons ou mauvais. J’ai bien aimé les rouages de ce jeu, mais j’avoue avoir été un peu déstabilisée par la façon d’envisager certains choix (d’ailleurs, s’il y a un reproche à faire au jeu, c’est d’illustrer quel choix penche vers un bon ou un mauvais karma : on devrait le savoir après, pour prendre une décision sans influence). Ainsi, votre héros devra choisir entre sauver six médecins ou sa compagne. Bien entendu, sauver sa compagne est vu comme un mauvais choix, parce qu’il est égoïste. D’accord… mais si je vous dit que la compagne est aussi médecin et que contrairement aux autres, on l’a vu sur le terrain sauver des gens ou encore se démerder seule pour ramener des fournitures de soin alors que son véhicule se faisait canarder de partout (qui nous dit que les six médecins sauveront plus de vies qu’elle) ? L’argument « on sauve les six médecins parce qu’ils sont utiles » est tout de suite plus nuancé, il n’y a pas de preuve flagrante que ce soit le cas. Reste le poids du nombre, sauver six vies inconnues au lieu d’une qui partage notre quotidien. Or dans la plupart des oeuvres, sauver le plus grand nombre sera toujours vu comme l’option « bonne » par excellence. Parce que la morale populaire veut que l’on soit capable de sacrifier tout ce qui nous est cher pour le bien commun. Personnellement, je ne m’avancerais pas autant sur le sujet. Je ne suis pas pour condamner ceux qui choisissent de sauver leurs proches au détriment des autres. Ils ont leurs raisons, et comme j’ai pu le démontrer, elles peuvent avoir des vertus morales au-delà de la simple préservation de l’être aimé. Dommage qu’on propose rarement de dilemmes aux conséquences morales véritablement nuancées.

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Alors, rouge ou bleu ?

    Dans ce jeu, ce n’est d’ailleurs pas la seule fois qu’on oppose des quantités d’individus à préserver, la fin du second opus inFamous 2 nous oblige à un choix plus grand encore : sauver l’humanité infectée ou se sauver soit-même. Les choses ainsi présentées, il est bien simple de considérer ce qui relève du mauvais karma (comment ça, penser à sa pomme est égoïste !). Pourtant, il n’y a pas que le héros qui met sa vie en jeu. Tous ceux qui sont comme lui, soit des dizaines de milliers d’individus dans le monde, meurent lors du « bon » choix. Et de cela, bien entendu, on en parle assez succinctement, puisque après tout, on en tue quelques milliers pour en sauver des millions (pas grave donc). Pour moi, une fois encore, il n’est pas question de bon ou de mauvais choix. Dans les deux cas, on condamne des gens. La différence, c’est le pragmatisme lié à ce choix (et le pragmatisme, ce n’est ni bon, ni mauvais, c’est juste ce qui nous semble le plus « efficace », donc le plus adapté à notre morale personnelle). Est-ce que je sauve le plus grand nombre d’individus ou est-ce que je sauve les gens comme moi ? Est-ce que sauver des gens dont on connait la valeur ou qui nous ressemblent est un plus mauvais choix que de sauver le plus grand nombre, inconnu, capable du meilleur comme du pire ?

 

Cette foule qu’il faut sauver à tout prix… suivant le camp qu’elle sert

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Supprimer la moitié de la population pour préserver les planètes, c’est bon ou mauvais ?

    En effet, quand il est question d’humanité, j’ai constaté qu’on considère pratiquement tout choix ou acte qui impacte le plus grand nombre comme un mauvais choix. Peu importe si dans le récit de SF, l’humanité est dans la déchéance la plus totale et que repartir à zéro pourrait sauver ladite humanité autant que la planète (cela se rapproche du raisonnement de Thanos dans le récent Avengers Infinity War). Peu importe si le choix du nombre revient à sacrifier des innocents pour sauver des connards de la pire espèce. De toute façon, on ne présente jamais les choses ainsi : la masse, c’est le symbole du peuple, et tout le monde est « bon » dans le peuple, n’est-ce pas ? Et comme le protagoniste vient souvent de la masse, cela justifie d’autant plus qu’il s’agisse par défaut d’un bon choix que de la sauver, peu importent les conséquences (sacrifice du reste de la population animale, destruction d’une peuplade autochtone…). Cela se comprend, nous nous sentons tous concernés par ce type de lutte pour la survie de l’espèce (parce que par extension, on en vient à se préserver soi-même). Mais si nous inversons les règles ?

    Dans beaucoup d’œuvres de l’imaginaire, l’antagoniste principal contrôle une foule. Et là, curieusement, il est tout à fait possible d’envisager de l’exterminer dans son entièreté sans recevoir de malus sur son karma. Dans ce cas précis, on présente rarement la population opposée au protagoniste comme une multitude d’individus capables de penser par eux-mêmes, mais plutôt comme des extensions de l’antagoniste, des coquilles vides dont la mort n’implique aucune émotion. C’est bien pratique de s’imaginer l’ennemi comme une masse informe de clones mécanisés du grand vilain. Cela retire toute valeur morale au choix. Le protagoniste et ses alliés sont les gentils, ils se font massacrés par les forces adverses. Que les soldats ennemis meurent tous, ils le méritent après tout, ils servent le méchant ! Bon côté, bon karma, permis de tuer. Il est vrai que notre Histoire ne regorge pas de guerres opposant de pauvres soldats qui ne savaient même pas pourquoi ils combattaient et qui rêvaient juste de retrouver leur foyer…

 

Ces héros qui, à actes équivalents, valent toujours mieux que les antagonistes

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Je tue des gens, mais j’ai le droit, je suis le gentil de l’histoire.

    On peut aller encore plus loin en s’attardant sur certains films d’action où le protagoniste est le stéréotype du bad guy qui est pratiquement, à un ou deux détails près, l’équivalent de son antagoniste. L’exemple récent de Equalizer 2 est très parlant, avec un protagoniste ancien tuer à gage pour le gouvernement qui… tabasse des gens qui font des choses « mauvaises ». Une scène par exemple suggère qu’une fille a été violé par un groupe de jeunes fils à papa. Notre ami Denzel s’empresse donc de la venger en démolissant les jeunes hommes et… vient ce moment où on nous fait comprendre que l’un d’eux a été forcé par ses camarades (donc qu’il est potentiellement aussi une victime). Croyez-vous que cela l’empêchera d’avoir la main brisée ? Non, œil pour œil…

   A partir de ce constat, ne me demandez pas ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais tueur à gage, c’est à peu de chose près la même qu’entre un bon et un mauvais chasseur. Ils peuvent avoir le même profil, moralement, le protagoniste fait toujours les « bons » choix. Il tue pour sauver sa femme, bon choix (bizarre que dans ce cas-là, ce ne soit pas égoïste, surtout qu’elle est rarement médecin, sa femme ^^). Il massacre cent personnes pour venger son chien, bon choix. Il tue tout le monde sur son passage parce qu’il n’a pas supporté que sa caissière préférée se fasse braquer, bon choix. L’antagoniste fait exactement les mêmes choses pour les mêmes raisons en s’en prenant au même type d’individus, mauvais choix. Il y a rien à faire, la balance karmique ira toujours en faveur du protagoniste.

    Pour preuve, si le plus souvent nous considérons que les représentants de l’ordre sont du « bon » côté, il suffit d’avoir des cambrioleurs en héros pour que les valeurs morales s’inversent. Il n’y a pas besoin de citer les franchises du genre pour rappeler que dans la plupart, beaucoup de voitures de police font des vols planés avant de s’encastrer dans des murs et que la plupart des spectateurs trouvent cela jouissif… alors que les policiers ne faisaient que leur travail du maintien de l’ordre. Les fameux voleurs peuvent élaborer des pièges plus ou moins dangereux pour l’intégrité physique des policiers ou de leurs cibles (qui sont parfois juste riches et pas spécialement détestables), ils se trouvent des justifications acceptées pas les spectateurs. Étrangement, si l’on prend les mêmes voleurs alors que le protagoniste est flic, leurs choix sont décrits comme mauvais (et pour un même événement, il y aura des morts là où précédemment la bombe aura explosé sans faire de victime, quelle chance… la fatalité du karma selon que tu sois dans le bon camp, décidément !).

 

Légitimer les actes du protagoniste, condamner ceux de l’antagoniste

   De ce que l’on peut voir sur de nombreux exemples, ce qui relève du bon ou du mauvais choix dépend de la position du personnage en tant que protagoniste, celui que l’on suit, celui auquel on doit s’identifier. Il peut être la pire ordure qui soit, il ne le sera jamais autant que l’antagoniste. Ce qui fait que moralement, on accepte ses décisions. Elles deviennent bonnes là où elles auraient été contestables dans un autre cadre (l’exemple de la compagne à sauver). Pire, elles n’ont aucun impact sur le personnage, ce qui, d’une certaine façon, légitime ses actes. Pourquoi la bombe qui sert à ouvrir le coffre ne tue jamais personne lorsque le voleur est un protagoniste ? Pourquoi ne pas lui imposer ce dilemme moral, pourquoi ne pas montrer au spectateur ce qu’il en coûte d’agir ainsi ?

   Je suis peut-être l’une des rares personnes à m’en faire la réflexion, mais pour moi, un personnage auquel je peux m’identifier ne dois pas être un personnage qui me brosse dans le sens du poil. Cela ne m’intéresse pas qu’on me renvoie à mon côté narcissique, celui qui me dit « tu vois, tu es quelqu’un de bien. Tu approuves ce qu’il fait, tu sais que c’est juste. Tu as la bonne morale ». Parce que ce n’est pas le cas. JE ne suis pas d’accord avec Denzel qui casse la gueule du fils à papa manipulé par ses potes, JE ne suis pas d’accord pour qu’on accepte de réhabiliter les super-héros sans condition, JE ne suis pas d’accord pour dire que le vol, c’est bien si on a une gueule d’ange. JE ne suis pas d’accord avec Superman qui met la population en danger en refusant systématiquement d’en finir avec cet individu qui a déjà tué cinquante fois la planète dans autant de versions alternatives. JE ne suis pas d’accord, mais je ne ne dis pas pour autant que j’ai la meilleure morale. J’ai ma morale, et je voudrais que les personnages aient aussi la leur, pas celles du protagoniste qui doit toujours avoir de bonnes excuses pour faire la même chose que l’antagoniste. Je trouve cela d’autant plus réducteur que de nos jours, on est capable de critiquer la moindre intervention policière s’il y a un blessé, mais on est dithyrambique s’ils nous sauvent d’un attentat.

 

Et donc, Bon ou Mauvais ?

   Je n’ai pas vraiment de conclusion à ce questionnement. Il s’agit d’un constat, d’une interrogation sur la valeur que nous donnons aux choix. Quels que soient les actes, les œuvres grand public placent le protagoniste, et donc celui auquel le lecteur/spectateur s’identifie, sous le meilleur karma. Elles posent assez peu l’idée qu’il n’y a pas toujours de bons ou de mauvais camps, de bon ou de mauvais choix, mais des idées pragmatiques propres à chacun. Bien entendu, les œuvres polyphoniques tels que le Trône de Fer, donnent le point de vue de différents protagonistes et permettent de percevoir une vision plus nuancée d’un conflit. Mais celles qui suivent un individu ou un groupe d’individus unis par les mêmes valeurs imposent souvent leur vision des choses comme l’unique « bon choix ». De même, la plupart dépeigne les valeurs prétendument universelles comme les seules légitimes d’être celles du bon karma. Mais au final, qu’est-ce qu’avoir un bon karma ? Qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui est mauvais ?

 

Et vous, quelle est votre réflexion à ce sujet ?

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22 réflexions sur “[Ecriture] Bon vs Mauvais (questionnement sur la valeur morale des choix de personnages)

  1. Symphonie dit :

    Réflexion super intéressante 🙂 C’est aussi pour ça que j’aime les oeuvres à plusieurs POV, surtout opposés, parce que ça permet de nuancer. Si le personnage est estampillé protagoniste, on va « forcément » le suivre dans ses décisions et ses opinions (s’il nous dit que Golgothor est méchant… ben on va le croire sur parole, alors que si ça se trouve…).

    J’avoue que c’est une thématique que j’aime beaucoup et que j’essaie d’explorer dans la Symphonie (c’est pas parce que je dis que machin est méchant que c’est vraiment le cas, et vice versa ; les personnages sont influencés et par conséquent influencent le lecteur, les « ennemis » ont leurs raisons (parfois de bonnes), des familles, des rêves etc…
    Un petit exemple, à un moment un bandit est tué par les « gentils », et les personnages se réjouissent plus ou moins de sa mort (pas douce…). On apprend quelques chapitres plus tard que le bonhomme essayait juste de réunir assez d’argent pour sauver sa femme malade, et que son fils l’attend désespérément à la maison. Quand aux « méchants », ils essaient sincèrement de sauver le monde.

    Je n’ai pas forcément de réponse à apporter, mais voilà, ce genre de choses m’intéressent^^

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    • bulledeleyna dit :

      Oui, je crois que tu pointes ce qui pour moi peut être problématique dans certaines œuvres. Il y a une différence entre comprendre un personnage, et être en accord avec ce personnage. Je pense qu’en règle générale, on a tendance à croire que ce que dit et fait le protagoniste est la « seule bonne vérité », c’est pourquoi on cherche souvent à faire pour le grand public des personnages ayant une vision « juste » et un comportement « juste ». Mais c’est quoi la justesse ? Ah, voilà le genre de discussion où il ne peut pas y avoir une seule réponse, c’est ce qui la rend intéressante.

      La plupart du temps, les antagonistes sont des individus qui ont des bonnes raisons de faire ce qu’ils font, mais seulement de leur point de vue. Dans une oeuvre tout public, on leur accorde rarement le droit à la nuance, on dit rarement que le protagoniste est d’accord sur le fond, mais pas sur la forme, par exemple. Non, il est en opposition, et sur les idées, et sur la mise en oeuvre. C’est dommage, car dès que le héros gagne, on met sous le tapis l’idée soulevée par l’antagoniste.

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      • Symphonie dit :

        Il y a un autre passage, dans mon ancien tome 1, où l’un des personnages « gentils » en tue d’autres, et s’interroge sur le bien-fondé de ses actes, alors qu’un autre lui met le nez dans cette ambiguïté.

        Dans le trône de fer, j’aime beaucoup le personnage de Cersei. Ses décisions, ses actes… tout à été fait pour le bien de sa famille et se de ses enfants, mais elle apparaît « mauvaise » parce que contre les Starks et compagnie. Alors que finalement, si les livres avaient été du point de vue des Lannisters… On retrouve le côté « influence » que la focale du livre a sur les lecteurs.

        Ce n’est pas pour rien si j’aime autant le Rhapsode 😉

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      • Symphonie dit :

        Dernier exemple (qui n’a rien à voir avec l’imaginaire. Tu regardes un documentaire sur les antilopes, et tu en suis une « famille » (t’as même les noms et tout). L’antilope est pourchassée par des lionnes, tu es triste si elle est attrapée, soulagé si elle s’échappe.
        Et là, tu regardes un documentaire sur les lions. Et les sentiments sont inversés, alors que « l’histoire » est exactement la même. Sauf que la focale n’est pas sur les mêmes personnages.

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      • bulledeleyna dit :

        Et c’est la que je m’aperçois que je n’ai jamais considéré le Rhapsode comme un « méchant », ce qui doit expliquer ma perplexité. ^^ En effet, je fais la différence entre antagoniste et méchant, mais je comprends qu’on amalgame les deux termes dans les œuvres grand public, probablement parce que c’est plus simple à assimiler. Il n’empêche que pour moi, il n’est pas logique qu’à actes égaux, le protagoniste soit pardonné simplement parce qu’il est le protagoniste. Mais bon, je dois probablement trop me prendre la tête. ^^

        Tu as raison pour le parallèle avec le documentaire. Et j’avoue que j’aurais la même réponse que pour les œuvres imaginaires. Dans ces cas-là, j’ai certes l’affect qui me lie au protagoniste, mais je sais aussi que c’est la nature, donc, crois-le ou non, je serai aussi triste pour le lion qui rate l’antilope (documentaire numéro 1) ou pour l’antilope tuée par le lion (documentaire numéro 2). Pourquoi voir les choses sans la moindre nuance ? On peut comprendre les points de vue des uns et des autres, non ? ^^

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  2. Lionne BLANCHE dit :

    Effectivement, on voit trop de gentils tout blancs et de méchants tout noirs. J’aime beaucoup apporter des nuances, du moins, j’essaie de le faire parce que c’est aussi facile qu’irréaliste, au final, de décrire machin comme l’être le plus mauvais sur terre, parce que ? Ben parce que c’est comme ça et puis c’est tout. Moi j’aime savoir qui il était à la base, ce qui a fait qu’un jour, il s’est planté et en est arrivé là. Ce n’est pas parce qu’on a fait de mauvais choix qu’on doit directement finir dans le camp des méchants et ce n’est pas parce qu’on y est qu’on ne peut se montrer bons sous certains aspects.

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    • bulledeleyna dit :

      Et qu’est-ce qui est le camp des méchants ? S’agit-il du camp adverse à celui du protagoniste ? De celui qui a des valeurs différentes des tiennes ? De celui très manichéen du dictateur avec ses légions au cœur et au cerveau aussi vides qu’un trou noir ? Est-ce que finalement, on ne fait pas dépendre ces valeurs morales juste en fonction du point de vue, de celui qui est le protagoniste ? Est-ce que je ne me prends pas inutilement la tête pour pas grand chose ? ^^

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      • Lionne BLANCHE dit :

        Tout vient du point de vue en effet. Le camp des méchants, c’est le camp adverse, et si en vrai, ce camp n’est pas méchant, mais qu’il y a juste quelques personnes plus cruelles ou avides que la moyenne dedans ? Et s’il y a aussi ce genre de personnes dans le camp des gentils ? Il ne manquerait plus que le protagoniste ait quelque chose des deux camps et tout de suite, ce serait un sacré bazar. ^^ (je parle en toute innocence… ^^)

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  3. Encreduphenix dit :

    Intéressant. Je n’avais pas considéré la question sous ce point de vue, mais maintenant que tu le dis… Je m’insurge aussi, parfois, contre la morale qu’on nous présente comme bonne ; comme pour Superman ou plus généralement les gentils qui refusent d’achever les méchants (alors que ça réglerait tellement de problèmes !), ou le héro qui doit choisir entre sauver une population ou quelqu’un qui lui est cher (dans la vraie vie, qui accepterait de laisser mourir sa mère ou son copain/sa copine en faveur de personnes inconnues ? Je pense qu’on ne serait pas beaucoup… Et je trouve ça irréaliste). Après il y a les histoires qui prennent ça à revers, comme Deadpool par exemple 🙂

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    • bulledeleyna dit :

      Merci. Concernant l’égoïsme d’un choix, je crois que beaucoup d’œuvres défendent ce que j’appellerais une vision romantique du dilemme. Romantique, au sens de fantasmé. Je me souviens par exemple du choix dans la première trilogie de Spiderman qui n’en était pas vraiment un : celui où il doit choisir entre une foule d’innocents et la femme qu’il aime… et il sauve les deux. C’est une vision romantique du héros, celle où son « bon » karma est récompensé par la sauvegarde de ce qui lui est cher. Puis, le public a commencé à se lasser de cet archétype parfait, mais pas pour autant du romantisme. On est alors passé au héros qui a des blessures. Pour cela, le choix n’a pas plus d’importance que dans le précédent archétype, c’est encore une illusion de choix. Qu’il veuille sauver celle/celui qu’il aime ou non, le protagoniste doit la/le perdre car il n’y a que sous cette forme d’individu blessé qu’il peut devenir un véritable héros apprécié de tous (il a souffert, vous comprenez, on ne peut pas être quelqu’un de bien sans avoir vécu le pire…).
      Alors que dans la vraie vie, nous sommes assez pragmatiques face à ce type de choix. La logique personnelle veut qu’on se préserve soi, et pour cela, on préserve ce qui nous apporte une forme de « confort ». Si ton confort est l’argent, tu privilégies l’option mercantile, si ton confort est la famille, tu protèges tes proches. Et si ton confort n’est pas prioritaire, alors là… là oui, tu peux envisager de sauver le monde… avouons que ce n’est pas donné à tout le monde de ne pas penser à soi. ^^

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  4. Celia May dit :

    J’ai beaucoup aimé ton article, en plus c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup. ^^
    Moi aussi, je suis lasse des oeuvres trop simplistes qui placent le protagoniste comme l’exemple du bien irréprochable, et qu’on doit accepter sans poser de questions (avec en face un antagoniste qu’on doit rejeter en bloc).
    Pour moi une histoire devient tout de suite beaucoup plus intéressante quand le « méchant » a raison sur certains points et que cela pousse le héros à se remettre en question (d’ailleurs je trouve que le film Black Panther traite assez bien ce sujet).
    Ensuite ça peut aussi être utile de se demander si on juge la moralité par rapport aux motivations ou bien aux actions. Pour reprendre l’exemple des Indestructibles 2, l’antagoniste avait une motivation tout à fait acceptable mais ses méthodes ne l’étaient clairement pas. (Bon après la fin des Indestructibles 2 n’était pas très convaincante, je l’accorde ^^’)

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    • bulledeleyna dit :

      Merci. 🙂
      ça me fait penser à cette mode en action/anticipation qui consiste à parler de la surpopulation… exclusivement du point de vue de l’antagoniste. Je trouve ça facile de le condamner pour ses décisions (qui sont toujours extrêmes, destructrices et cruelles) alors qu’il faudrait au moins reconnaître qu’il est le seul à se poser la question dans nombres d’œuvres du genre. Les protagonistes n’ont pas le moindre avis sur le sujet, ils se contentent de combattre un adversaire. D’ailleurs, une fois qu’ils remportent la victoire, ils ne proposent rien pour répondre à la problématique qui est évacuée en même temps que l’antagoniste. Bref, je trouve cela dommage que, quel que soit le sujet soulevé par le fanatisme de l’antagoniste, on ne fasse pas réfléchir les protagonistes, et par extension, les spectateurs. Au final, on reste dans le schéma d’un grand méchant qui veut tuer des gens, peu importe pourquoi, il faut l’arrêter. Point.

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      • bulledeleyna dit :

        Bon, je ne reviens pas sur la classification des œuvres citées, chacun son avis sur la question. Par contre, je suis assez d’accord avec une réflexion faite sur Tomorrowland, comme quoi l’humanité entretient une forme de stagnation face aux problèmes qui la concernent. J’avoue que dans pas mal d’œuvres grand public, le protagoniste sert à figer une situation (voire à revenir en arrière, mais jamais à avancer) et non à se questionner sur elle. Après, je ne fais pas partie du public qui souhaite que l’oeuvre apporte une solution toute faite. Je suis pour la réflexion. Et si le protagoniste ne réfléchit pas, le spectateur a peu de chance de réfléchir à son tour. C’est, je pense, l’origine du problème quand certains intervenants disent que le spectateur regarde ça comme un divertissement. Mais dans Le Jour d’Après, ton héros pourtant climatologue, ne se contente-t-il pas d’aller sauver son fils, non d’envisager des mesures pour le problème climatique ? C’est le format de l’oeuvre qui limite la réflexion du spectateur. Alors certes, il faut bien répondre à un schéma narratif. Mais l’un empêche-t-il forcément l’autre ?

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  5. Lyanna dit :

    J’ai parfois l’impression que la plupart des œuvres tentent trop de coller à une vision manichéenne qui n’a rien de réaliste si on la transpose dans notre vie… sauf en cas de guerre. Se battre pour une patrie, n’est-ce pas dire « mon pays = pays des gentils » (et donc celui des autres = pays des méchants) ? Sujet qui poserait beaucoup de questions de morales selon différents points de vue donc … Pour en revenir aux films / livres / jeux, c’est vrai qu’on voit souvent qu’un personnage considéré comme Loyal Bon ne peut quasiment jamais sortir de sa case à moins qu’il ne possède une « bonne » raison de le faire. Est-ce qu’au final, le personnage principal ne serait pas moins bien travaillé que les rôles secondaires ?

    Récemment, je regardais la série Black List ou un criminel coopère avec le FBI pour faire arrêter d’autres criminels (entre autres) en duo avec une agent dont c’est le premier jour en tant que profileuse. Il arrive à cette femme de faire des choix flous voire discutables (ahah question de point de vue) mais ce qui est amusant, c’est surtout le criminel qui aide une agence gouvernementale contre le crime à ses fins mais qui a des manières de faire d’un gangster. C’est un personnage assez nuancé pour une fois.

    Ce sujet est trop vaste que c’est difficile d’en aborder toutes les facettes qui en découlent.

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    • bulledeleyna dit :

      Tiens, tu parles de Loyal Bon, et forcément, ça me fait penser aux jeux dérivés des règles de D&D. Et c’est assez drôle, car dans ces univers, si on côtoie assez longtemps les personnages loyaux bons, on constate qu’ils ont malgré tout une forme de fanatisme qui peut être assez dangereuse. Dans ce groupe, on y classe ainsi assez souvent les « paladins », et force est d’admettre que si tu ne suis pas à la lettre les lois de leur ordre, ils sont capables de se retourner contre toi. C’est dire combien les notions de bonté et de loyauté sont là encore subjectives et rattachées à des valeurs morales propres à chacun (mais je ne dis pas que je ne comprends pas leur vision de la loyauté ^^).

      J’avoue qu’il m’arrive de penser qu’effectivement certains protagonistes sont moins travaillés que les personnages secondaires, simplement pour rentrer dans une case qui correspondrait à un plus large public. De là, je me demande s’il n’y aurait pas une forme de pédagogie à avoir envers le lecteur/spectateur (moins pour les joueurs qui ont à ce niveau une plus grande liberté de prise de conscience), pour leur apprendre à apprécier un personnage principal sans être en accord total avec sa morale et ses actes.

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  6. Julien Hirt dit :

    Quand on parle de moralité en littérature, c’est généralement pour conclure que les nuances de gris valent mieux que les contrastes plus francs. C’est ce que tu fais ici et tu le fais très bien. Malgré tout, je pense qu’un examen de la nature du bien dans une perspective littéraire serait également un sujet intéressant.

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  7. Antios dit :

    Article très intéressant ! Alors, je n’ai pas vu la très grande majorité des films que tu cites et j’ai joué peut-être une ou deux heures à In Famous, donc je ne sais plus trop si j’ai ressenti les mêmes choses que toi. Mais le concept de ce jeu-vidéo m’avait plu à l’époque, car enfin tu pouvais faire des actes jugés comme étant « mauvais » et accepter les conséquences qui s’en suivraient.

    Je suis d’accord avec tes analyses. On est pas tout blanc ou tout noir, il y a toujours une part de nos êtres, dissimulée et contrôlée (enfin, j’espère ^^), qui se reconnaîtra dans un des protagonistes, bon ou mauvais. D’ailleurs, dans les exemples que tu prends pour In Famous il me semble, la plupart des gens, à mon avis, sauverait un de leurs proches plutôt que des inconnus et ce même si ces derniers sont les personnes les plus merveilleuses du monde. Simple instinct sans doute.

    Il y a assez peu de films/séries s’intéressant aux deux camps de l’histoire, « bons » et « gentils ». Dernièrement, j’ai regardé la Casa de Papel où les « méchants », les voleurs, les braqueurs, sont les héros de l’histoire. Vu qu’on est dans un braquage, on voit les 2 côtés : celui des policiers et celui des braqueurs. Rapidement, on oublie le fait que les héros sont des braqueurs et ce notamment car on les suit, on connaît une part de leur passé, on vibre à leurs côtés dans les phases de tension. Par contre, pour le côté des policiers, c’est plus compliqué. On a pas vraiment de personnages attachants, à part l’agente en chef et un de ses collègues. Et j’avoue, et l’histoire nous amène aussi forcément à penser cela, que le « bien » et le « mal » s’inversent dans notre esprit et que les héros qui nous font vibrer sont les braqueurs et non les policiers.

    Cela réside dans le choix de la focale pour moi. Dès le début, si on te montre une braqueuse dans la « merde », un peu désorientée, si tu la suis durant un ou deux épisodes, que tu commences à t’attacher à elle, à comprendre ses agissements, à suivre sa façon de pensée, même si un flic l’arrête et lui signale toutes ses fautes, tu serais prêt à la défendre corps et âme ^^.

    En gros, le regard que l’on porte sur les personnages dans des oeuvres est le même que l’on porte sur les gens en général, à une intensité plus ou moins grande. On ne peut comprendre que ce que l’on connaît ou que l’on croît connaître (enfin un minimum dans tous les cas) —> quoique mon propos est peut-être trop simpliste quand même. Quand tu parles à certaines personnes de « patrons », ils vont avoir l’image d’un gars imbu de sa personne, croulant sous les richesses et montrant ouvertement sa supériorité financière et sociale sur les autres et écrasant les gentils travailleurs sans aucune hésitation pour s’élever encore un peu plus dans la société. Si on parle de « flics » à des délinquants, la plupart vont voir en eux des adversaires, des personnes dénuées de sentiments humains. Si ces personnes commencent à côtoyer un patron ou un policier, apprennent à le connaître, leur vision changera sûrement. C’est un peu ça aussi qui se passe dans les séries/films/jeux qui mettent en scène des héros pas très recommandables.

    « JE ne suis pas d’accord avec Denzel qui casse la gueule du fils à papa manipulé par ses potes » –> Tu es d’accord pour les autres alors… ah ah ^^. Quelle violence ! Ouille !

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    • bulledeleyna dit :

      Pour InFamous, je pense que c’est l’exemple typique de dilemme censé montrer que celui qui sacrifie son entourage pour le bien commun est au dessus du reste de la population, un « vrai » héros. Est-ce moralement un bon choix, est-ce moralement juste ? Cela signifie-t-il que ceux qui refusent de sacrifier leurs proches font le mauvais choix ? Là est la question, et je ne pense pas qu’il puisse y avoir une seule réponse.

      « Dès le début, si on te montre une braqueuse dans la « merde », un peu désorientée, si tu la suis durant un ou deux épisodes, que tu commences à t’attacher à elle, à comprendre ses agissements, à suivre sa façon de pensée, même si un flic l’arrête et lui signale toutes ses fautes, tu serais prêt à la défendre corps et âme ^^. »
      > Ah bon ? Pas moi, du moins, je ne serais pas aussi catégorique. Pas si ça implique de considérer les flics qui font leur travail comme des dommages collatéraux ou des connards de service. Pas si par sa faute, elle a mis dans la merde d’autres personnes. Pas si elle ne sait pas évoluer et que l’auteur se contente d’user de sa situation pour justifier ses méfaits. Cela ne m’empêchera pas de la considérer comme un bon personnage, avec un caractère et un passif intéressant, voire de l’apprécier. Mais est-ce que pour autant je dois automatiquement valider ses choix moraux sous prétexte qu’elle est la protagoniste ? Non, je ne pense pas. Mais c’est ma vision des choses, qui découle de mes attentes concernant les personnages. 😉

      Enfin, c’est un sujet compliqué.

      (Sinon, je n’ai pas compris ta dernière réflexion, désolée :/ ).

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      • Antios dit :

        Bon, quand je disais que j’étais prêt à la défendre corps et âme, c’est vrai que je suis parti un peu dans mon délire. La fille en question a fini par être arrêtée, mais je peux pas dire que j’ai été énormément attristé ^^. Mais je l’aime pas mal, j’avoue, et je savais aussi qu’elle foutrait un peu la ***** du côté des gentils policiers. Bon après pour Casa de Papel, la vision est biaisée, d’autant plus qu’on est bien plus souvent (de ce que j’ai ressenti) du point de vue des braqueurs que des policiers, ce qui est logique en même temps !

        Pour la réflexion : Un moment tu as pointé ce que tu jugeais comme étant un acte mauvais commis par un héros vu comme étant un « bon » personnage. Et tu as mis que tu étais contre le fait que Denzel corrige le jeune qui a été manipulé… donc les autres (qui ont été un peu violentés par notre ami Denzel) ça passe ? 😀

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