Nouvelle chronique dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire Francophone, Une autre vie à Citara, Tome 1 : Tempétueuse Sylvine de Nathalie Bagadey.
FICHE TECHNIQUE
- Titre : Une autre vie à Citara, Tome 1 : Tempétueuse Sylvine
- Auteur/Autrice : Nathalie Bagadey
- Illustrateur/Illustratrice : Vaël Cat, Céline Lacomblez (intérieur), Johan Herrmann (carte)
- Édition : Autoédition
- Collection : /
- Genre : Fantasy, High Fantasy
- Public : Adolescent, Jeune Adulte
- Cycle : Oui
- Pages : 512
- Parution : 5 octobre 2017
- Langue : Français
- Format : Numérique – Papier
- Prix : 4,99 euros – 20 euros
- ISBN : 979-1094246252
- Lien : Nathalie Bagadey : Citara
Résumé : « Vous êtes sérieux, là ? Un pays entier compte sur moi pour sa survie ? Vous n’avez pas des armées, des soldats, des engins de siège, que sais-je encore ? C’est n’importe quoi, votre histoire ! »
Se réveiller amnésique dans un pays sur le point d’être envahi n’est pas une situation confortable. Encore moins quand les habitants s’obstinent à vous considérer comme l’unique guerrière magicienne capable de contrer les Maudits.
Pourtant, Sylvine n’a pas le choix. Lorsque celui qu’elle aime, le seul être dont elle se souvienne, est en danger, elle repart dans son passé à la recherche de ses pouvoirs perdus.
Pour y arriver, elle devra affronter ses ennemis… mais aussi ses propres démons.
Et si elle n’était pas l’héroïne que son monde attend ?
Un livre sur le courage (avec un écureuil trop mignon à l’intérieur) conseillé à tous ceux qui rêvent d’une « autre vie ».
MON AVIS

Couverture et Accroche
Je ne peux pas vraiment dire que j’apprécie ou que je déteste la couverture de Vaël, même si je reconnais son implication pour rendre l’atmosphère du roman. J’aime beaucoup l’aspect toile et la police du titre, je suis moins sensible à la superposition des images qui rend la couverture chargée en informations. Je comprends le rappel à la forêt et à l’air, deux éléments importants de ce tome, moins le choix de la mer, élément très secondaire et qui ajoute une information peu utile à la compréhension du contenu. Le personnage en tant qu’ombre renvoie à l’aspect incertain de sa personnalité et donc à la quatrième de couverture. Un assemblage intéressant, mais qui ne me convient pas totalement.
Le résumé, commençant par un court extrait du récit, a le mérite de donner le ton. Un langage assez commun, voire parlé, permet de d’envisager un ordre d’âge à l’héroïne amnésique, plutôt une adolescente ou une jeune adulte donc, qui renvoie à l’âge du public cible. Le résumé en lui-même fait bien son travail, il évoque les éléments principaux du récit sans se perdre dans les détails. Excepté pour le rappel de la présence d’un écureuil, qui ne m’a pas vraiment parlé (je préfère me faire ma propre opinion sur son côté mignon). Globalement, je trouve la dernière phrase de trop sur tous les aspects qui y sont mentionnés (le courage n’est pas plus perceptible que dans un autre récit du genre et rêver d’une autre vie est typique de la fantasy).
Prose et Structure
La plume de l’autrice est simple et même didactique, ce qui peu convenir à un jeune public, mais peu éventuellement lasser un public plus âgé. En effet, on se sent un peu tenu par la main durant le développement narratif, ce qui, avec le choix de vocabulaire et les références à d’autres œuvres du genre, laisse à croire que le récit s’adresse aux jeunes ou aux lecteurs qui n’ont connaissance du genre que par les œuvres les plus connues (ou bien entendu, aux fans absolus de ce type de récit 😉 ). Rien d’illogique, l’héroïne est une adolescente et l’intrigue répond aux critères du genre, cela correspondra donc aux attentes du lectorat cible.
Concernant la narration, l’autrice à fait le choix d’alterner le présent et le passé, tous deux suivant une focalisation interne à la troisième personne (et quelques passages à la première personne, parfaitement justifiés dans la structure narrative). Cela s’explique par le déroulement du récit, qui se découpent en deux phases. Une dans le présent de l’héroïne amnésique et une seconde (la plus longue) dans un passé qu’elle tente de retrouver. Pour être honnête, je me pose toujours la question : est-ce que j’ai été sensible à ce choix ? Je n’arrive pas à savoir. Je n’ai pas détesté en tout cas. Pour moi, l’intention est bonne, mais la seconde partie est si longue qu’elle occulte le récit narré au présent, si bien qu’on peut se demander l’intérêt d’un tel choix (certes, qui s’explique à la fin). Une alternance plus récurrente aurait peut-être pallié à ce questionnement. En tous les cas, j’ai trouvé le récit au passé plus fluide et plus agréable à suivre. 🙂
Personnages et Narrateurs
Je vais être honnête, plusieurs personnages sont un peu stéréotypés (mais qui a lu mon avis sur le sujet sait que ce n’est pas négatif, c’est un simple constat). En cela, ils rejoignent une volonté assez manichéenne de défendre des valeurs et de condamner des vices, associée bien souvent au parcours initiatique menant à l’âge adulte. C’est un choix, ma foi, ça fonctionne plutôt bien avec l’ensemble du récit, que ce soit l’univers, l’intrigue ou la plume.
Sylvine, tout d’abord. Si on la découvre amnésique, on apprend rapidement qu’elle est dotée de beaucoup de qualités. Elle est belle, forte, courageuse, indépendante, sarcastique, athlétique… Elle parle aux animaux et aux plantes (et évite de manger de la viande, mais mange quand même de la verdure ^^), elle apprend tout ce qu’elle a à savoir en moins de temps qu’il n’en faut pour écrire ce paragraphe… Bref, elle est parfaite. Pas spécialement agaçante dans sa perfection, mais ça reste un fait, elle n’a pas de véritables défauts et elle réussit tout ce qu’elle entreprend. Rien à lui reprocher donc, si ce n’est peut-être qu’elle est amoureuse au point de ne s’accrocher qu’à ça, mais c’est une appréciation de la chose qui dépendra de la sensibilité de chacun (ceux qui apprécient les romances y verront une réelle qualité, les autres peut-être moins).
Olivier, son amoureux donc, est parfait, lui aussi. Ne grimacez pas, c’est voulu et c’est dit dans le texte. Lui aussi est beau, grand, athlétique, courageux… l’homme idéal selon l’héroïne. Il a cependant un parcours à mon sens plus intéressant que celui de Sylvine, puisqu’il a longtemps vécu sous la coupe de son père qui désire façonner son destin. Pour contrer les projets du géniteur, le jeune homme décide de jouer à un drôle de jeu qui le voit ternir sa réputation à coup de beuveries et autres frasques. Mais comme on vous a dit qu’il était parfait… Par sa profondeur davantage mise en avant, nul doute qu’il plaira à beaucoup de lecteurs (et lectrices en particulier). 😉
Parce qu’on en parle dans le résumé, Schnippy est donc un écureuil mignon et glouton, le garant de l’attendrissement et de l’humour du récit. Il a un phrasé bien à lui, ce qui permet de l’identifier rapidement dans les conversations mentales. S’il affectionne la nourriture, il reste, à l’égard de sa maîtresse (qu’est-ce que je déteste ce mot, je le trouve tellement inadapté !), un personnage courageux et volontaire, près à partir en éclaireur ou à se jeter en pleine bataille. Je doute qu’un seul lecteur trouve à redire sur lui, il sera certainement le personnage se retrouvant avec le plus grand nombre de fans. 🙂
Si pour les protagonistes, j’accepte leurs traits un peu stéréotypés propres à ce type de récit, je suis quand même déçue concernant les antagonistes. Décrits avec tous les défauts du monde, même le harangue de leur chef, Rohé, pour justifier l’assemblage d’une telle population de méchants sonne un peu creux (ne dit-on pas qu’on juge de la valeur d’un héros à son adversaire ?). J’espère que, par la suite, la séparation sera moins nette entre les deux camps, car ça peu devenir vite lassant (même si je comprends que c’est bien utile pour mettre en exergue les qualités défendues par l’héroïne).
Il reste une foule de personnage à découvrir, mais je doit dire que j’ai bien aimé un type en particulier, vraiment original pour le coup, même si peu exploité. Les Rêveurs. Personnages inconsistants n’existant pas vraiment dans le monde de Citara, on obtient les informations à leur sujet qu’en fin de récit. Si j’adore l’idée, petit bémol cependant pour moi, il devrait y en avoir bien plus autour de certains personnages (et en l’occurrence, pas forcément les deux principaux). 😉
Univers et Atmosphère
L’univers est, selon moi, le plus intéressant du récit, car il s’offre le luxe d’une véritable recherche de fond. On n’échappe pas aux références à d’autres œuvres, certes, mais le monde construit tient debout tout seul, ce qui est parfait pour un roman initiatique. Nous nous retrouvons donc à Citara, un jeune royaume enclavé par des montagnes difficilement franchissables. Là vivent plusieurs communautés, différentiables selon leur origine terrestre (forêt, colline, plaine…). Chaque communauté possède ses compétences et ses coutumes, le livre est suffisamment long pour nous en faire découvrir quelques-unes, ce qui est toujours appréciable. A noter que si elles forment un pays, les communautés restent relativement isolés les unes des autres, malgré quelques astuces pouvant rendre les voyages moins longs ou permettant de communiquer à distance (mention spéciale pour le fil d’amour, prolongement poétique du cordon ombilical).
L’environnement est relativement semblable à ce que l’on peut trouver sur Terre, pourtant l’autrice a pris grand soin à développer sa faune, sa flore, ses minéraux, son artisanat, ses coutumes culinaires… Tout ceci par petites touches distillées tout au long du récit. Ni trop présent, ni superficiel, l’environnement s’entrelace à l’intrigue avec soin et a l’élégance de ne pas nous renvoyer constamment au lexique (qui n’existe pas, par ailleurs, ça prouve bien qu’il n’y en a pas besoin pour comprendre ^^). J’apprécie notamment les astuces consistant à détourner des mots existants pour des équivalents qui seront rapidement compris de tous (même si journe ne féminise pas davantage le mot journée, comme suggéré dans le livre, hein ^^).
L’un des éléments les plus prisés du genre (et pourtant les plus difficiles à maîtriser), et qui prend une place essentielle dans le récit, c’est la magie. Une magie élémentaire donc, que l’on appelle avec une formule et qui se visualise par une manifestation physique assez convenue (flamme, tornade, jet d’eau…). Comme dans beaucoup de récits du genre, la magie a un coût et trop puiser dans ses forces risque de tuer celui qui la pratique. Malheureusement, comme presque à chaque fois, on ne ressent pas réellement le danger d’un tel rappel à l’ordre. La facilité d’apprentissage de l’héroïne y est certainement pour beaucoup dans cette baisse de tension que pourrait percevoir le lecteur (d’autant que les autres mages de l’histoire carburent eux aussi). Bref, ce n’est pas dans cette histoire que vous trouverez le système de magie le plus abouti, même s’il demeure intéressant. En particulier dans son aspect plus héréditaire, qui s’éloigne cette fois de la magie élémentaire.
Intrigues et Thématiques
L’histoire commence par un court prologue où l’on suit une jeune femme traquée par des agresseurs qui la plongent dans l’inconscience. Le premier chapitre enchaîne sur le réveil d’une jeune femme amnésique, qui ne se souvient absolument de rien, ni des personnes qui la couvrent d’attentions, ni même de sa propre identité. Bien qu’on lui affirme qu’elle s’appelle Sylvine et qu’elle est une héroïne pour tout un peuple, elle doute. Seule la certitude de connaître intimement un jeune homme, Olivier, lui permet de s’accrocher à la réalité. Mais cette réalité est loin d’être parfaite et le danger rôde, l’obligeant à partir rapidement en quête de son passé à l’aide d’un sortilège. C’est ici que nous entrons dans la seconde partie du récit, la plus longue, qui remonte dans les souvenirs de Sylvine, pour nous faire ainsi progressivement découvrir l’univers et les personnages. L’intrigue en elle-même est facile à suivre, il s’agit d’une quête initiatique avec fond de rassemblement de foule en vue d’une terrible bataille. C’est convenu, mais ça se lit très bien et on a guère le temps de s’ennuyer. 🙂
Jusqu’au retour au présent qui prendra de court de nombreux lecteurs, j’en suis certaine. Personnellement, j’avoue ne pas avoir été surprise (j’en viens à me dire que je deviens décidément difficile à surprendre ). Je pense que cette fameuse fin, si elle a le mérite d’être originale, pourrait être une réussite autant qu’une déconvenue. En effet, elle rejoint un principe décrié par certains. Si personnellement, ça ne m’a pas dérangé, d’autant que c’est plutôt bien amené, j’ai vu suffisamment de commentaires sur ce type de fin pour savoir que certains lecteurs n’apprécient pas. Mais, c’est un choix assumé de l’autrice, je suis certaine qu’elle comprend qu’on puisse ne pas aimé. 🙂
Conclusion
Même si je trouvais que la narration me tenait parfois un peu la main et que certains personnages correspondaient à des stéréotypes du genre, j’ai bien aimé ma lecture. L’univers est riche et l’excursion dans le passé de Sylvine se suit facilement. Sans parler de la fin qui saura surprendre bien des lecteurs. Je suis persuadée que le texte plaira particulièrement au public cible (plus jeune et plus attaché à la romance que moi ^^) et je n’ai aucun doute sur le fait que nombreux sont les lecteurs à attendre la suite des aventures à Citara. 😉
Intéressés par la possibilité de vivre une autre vie à Citara ? 🙂
UN APERÇU D’AILLEURS SUR
UNE AUTRE VIE A CITARA – T1 ?
N’hésitez pas à faire un tour sur les autres blogs de critiques littéraires pour vous faire un meilleur avis sur le sujet. 😉
Un grand merci pour cette chronique ďélicate, très détaillée et fine (peut-être un peu trop d’ailleurs : « Citara » n’a pour vocation que de divertir le lecteur amateur de fantasy pas d’en révolutionner le genre 😉)
Le premier tome pose en effet l’univers et je pense que certains personnages pourraient surprendre dans les prochains…
Toutefois, je vous avoue que les spoilers me gênent un peu car les derniers, notamment, révèlent beaucoup de choses sur le ressort principal de l’histoire… or vous êtes la première personne à dire avoir deviné la fin (je pense que c’est dû à votre grande expérience de lectrice et que ce n’est pas généralisé).
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Je vous remercie pour votre passage, il est toujours agréable d’avoir des retours d’auteurs. 🙂
Je suis désolée que ma chronique vous semble inadaptée, d’autant que je n’ai pas prétendu que vous vouliez révolutionner le genre. J’affirme justement que c’est fait pour un certain public et que votre livre est parfaitement adapté à celui-ci, je ne pensais pas que cela puisse paraître blessant. Je ne doute pas que la suite puisse surprendre, je n’exprime qu’un ressenti de lecture, peut-être pas celui que vous attendez, il n’empêche que mes quelques remarques ne m’ont pas empêchée d’apprécier ma lecture.
Pour ce qui est des spoilers, il n’y a pas de soucis, je les enlève (je n’ai pas une expérience de lectrice particulière, mais merci ^^).
Au plaisir de discuter avec vous. 🙂
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Eleyna, je vous rassure, vous ne m’avez pas blessée. Au contraire, j’ai trouvé votre chronique toute en délicatesse. 🙂 ♥
Je ne pensais juste pas que ma « petite histoire » méritait une chronique aussi fouillée. 😀 J’ai beaucoup travaillé dessus, mais je n’ai pas cherché à aller aussi loin que vous sembliez l’attendre, je l’avoue.
En tout cas, vous serez contente d’apprendre qu’alors que je suis en train de terminer le premier jet du second tome, votre remarque sur les Rêveurs m’a fait réaliser que j’avais un peu négligé ce point important, alors merci, car je vais y remédier dès que possible.
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Cela me rassure, car je n’écris vraiment pas une chronique pour descendre un livre ou un auteur. J’avoue par contre aimer détailler mon ressenti, parce que je trouve justement que le travail d’un auteur mérite qu’on s’y attarde (votre histoire n’est pas qu’une « petite histoire », son univers est riche et vraiment plaisant à découvrir 😉 ). Difficile cependant de parler de certaines choses qui semblent importantes à l’issue de la lecture sans trop en dire (surtout pour des sujets sur lesquels on aimerait bien pouvoir échanger). ^^
Contente en tout cas que ça puisse vous être utile. 🙂
Ah les Rêveurs ! Une très belle idée. 🙂
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Très belle chronique sur ce roman qui m’intrigue depuis un moment 🙂 Après sa lecture, je ne pense pas qu’il colle à mes goûts mais tu fais vraiment des retours de qualité, c’est très agréable à lire.
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Merci, c’est gentil. 😀
Je préfère être honnête et dire qu’un livre est plus adapté à un type de lectorat que prétendre qu’il peut plaire à tout le monde. Cela n’empêche pas de lui reconnaître des qualités, mais on ne peut pas tous avoir les mêmes goûts. ^^
Si j’en crois tes préférences en terme d’écriture (de ce que j’ai pu en voir à travers certaines chroniques en tout cas), j’imagine que tu dois préférer lire des œuvres plus sombres avec des personnages plus ambigus. Ce qui doit rejoindre un peu mes propres goûts. 😉
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Effectivement je préfère ce type de lecture 🙂 Je trouve ça très important d’être honnête je trouve ! Comme tu le dis, on peut ne pas aimer un livre parce qu’il est trop jeunesse mais reconnaître ses qualités malgré tout. Il y a une différence entre « mauvais livre » et « pas à notre goût » même si peu de blogueurs la font.
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Merci pour le partage
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Avec plaisir. C’est toujours mieux d’avoir plusieurs avis. 😉
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C’est vrai. 😁
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