[Publication] Quand l’histoire se termine…

  Vous pensiez que j’allais vous donner quelques astuces pour mettre le point final à votre histoire ? Ou que j’allais raconter l’émotion ressentie lorsqu’on parvient enfin au terme d’un projet ? Que nenni, rien de tout cela.

   Aujourd’hui, je vais vous parler de cette terrible nouvelle qui vous prend au dépourvu alors que vous pensiez avoir enfin réussi à publier. Je veux parler du retournement de veste d’une maison d’édition. L’annulation pure et simple de votre contrat. Avec plus ou moins de tact, et plus ou moins d’arguments acceptables à vos yeux d’auteur…

 

De la surprise…

   Il se trouve que pour Halloween, j’avais l’intention de mettre de nouveau en avant le recueil Sombres Tombeaux (où se trouve ma nouvelle « Fléau des Mal’Bêtes »), quelque peu délaissé au cours de l’année. J’avais déjà reçu un mail durant l’été, les ventes n’étaient pas particulièrement bonnes, mais je me disais que cela n’était guère étonnant vu le peu de communication initiée autour de l’ouvrage. Une fois la sortie faite, je ne l’ai plus revu dans le fil d’actualité de la maison d’édition. De là à y voir de la mauvaise volonté (En même temps, ce ne sont QUE des nouvelles, du sous-travail quoi)…

   Les petites maisons d’édition qui éclosent régulièrement ici et là sont souvent créées par des auteurs qui souhaitent se publier eux-mêmes. On peut alors penser que le but premier de certaines d’entre elles n’est pas de produire un catalogue de qualité, mais avant tout d’offrir à ses fondateurs une chance qu’ils n’ont pas eue ailleurs. C’est compréhensible, on ressent tous ce besoin de reconnaissance. Et cela peut « justifier » que le budget publicité de la maison d’édition passe en grande partie dans la promotion de leurs ouvrages personnels.

   Bref, pas de publicité pour le recueil, pas de vente. Logique. D’où mon envie de profiter d’un évènement adapté, Halloween, comme ce fut le cas l’année dernière, pour redonner un petit coup de boost et rappeler à l’occasion l’existence de Sombres Tombeaux. Quelle ne fut pas ma surprise alors de m’apercevoir que l’ouvrage n’existe plus sur le site de la maison d’édition ! Et que la version numérique (suivie d’ici quelques jours par la version papier) ne se trouve plus sur Amazon !

   J’ai bien entendu demandé des explications. Après tout, peut-être qu’il s’agissait d’une refonte du site, d’un bug informatique… On m’a répondu que j’avais reçu un mail pour me prévenir de l’arrêt de la publication. POINT.

   Mais… si j’envoie un mail en parlant de ma surprise, c’est bien parce que je n’ai pas reçu ce fameux mail, non ? Par conséquent, il serait normal de me communiquer de nouveau toutes les informations, vous ne pensez pas ? Et au passage, pour ce genre de situation, vous ne croyez pas qu’il serait nécessaire de demander un retour de mail de CHAQUE auteur, afin de s’assurer qu’ils sont bien TOUS au courant de cette décision (dans un monde merveilleux, on aurait même demandé l’avis des auteurs avant de prendre cette décision) ? Sans parler que d’autres éléments jetaient un voile de doute sur le sérieux de ce choix (certains ont reçu une réponse depuis)…

 

… A la déception

   Toute cette longue réflexion pour vous annoncer, à mon grand regret, que la publication du recueil Sombres Tombeaux a été arrêtée, à peine un an après sa sortie.

   Dès lors, on peut se demander à quoi s’attendent les petits éditeurs de ce genre pour changer ainsi d’avis sans honorer leur contrat jusqu’au bout. À ce que les foules viennent acheter leurs recueils sans faire de réelle publicité ? A ce que les auteurs fassent tout le travail à leur place (l’auteur doit faire sa part certes, mais l’éditeur aussi) ? Ou bien, certains en ont-ils parfaitement conscience et ont-ils décidé de créer un système d’AT (Appel à Textes) afin d’attirer un potentiel lectorat (les auteurs étant souvent eux-mêmes lecteurs) vers leurs propres projets ? Qui sait…

   Après tout, s’il ne s’agit que d’une histoire d’argent, pourquoi ne pas conserver simplement la version numérique ? Cela ne leur coûte pratiquement rien, en comparaison du papier. Et même, pour le papier, il existe désormais le système d’impression à la demande. Et si vraiment les recueils ne fonctionnent pas, on arrête d’en produire de nouveau et on respecte le contrat de ceux existants jusqu’au bout, sans le renouveler.

   Pour être honnête, je ne suis pas convaincue par l’argument du nombre de ventes. Rompre un contrat pour cette raison au bout d’un an d’exploitation alors que le contrat en prévoyait bien plus (je ne pense pas que les ouvrages personnels des auteurs/éditeurs subissent le même sort, même s’il ne s’en vend pas un seul)… Quand on sait quelle difficulté peut avoir un auteur à récupérer ses droits pour des causes bien plus graves (non-respect des clauses, non-paiement des droits…), on ne peut s’empêcher de penser que certains éditeurs ont tendance à profiter de leurs auteurs, particulièrement des auteurs de nouvelles. D’autant plus lorsque la communication demeure étrangement floue sur certains points.

   Ceci est mon expérience (amère, certes), et elle n’est qu’une parmi tant d’autres. Les autres auteurs du recueil vous diraient peut-être qu’ils ont été pleinement satisfaits et tant mieux pour eux. Mon but n’est pas d’afficher une maison d’édition ou un éditeur, néanmoins, il me semble crucial que chaque auteur sache ce qu’il peut advenir de son texte, même une fois publié. Et que chaque lecteur comprenne qu’il se peut que demain, le livre dont vous repoussiez l’achat puisse ne plus exister.

 

Un dernier tour de piste

   D’ailleurs, si certains étaient intéressés par le recueil Sombres Tombeaux, vous pouvez toujours essayer de l’acheter en version papier sur Amazon, s’il s’y trouve encore (d’ailleurs, n’hésitez pas à me laisser un commentaire en cas d’achat, ça me ferait plaisir 🙂 ).

Amazon, version brochée

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   Je remercie celles et ceux qui ont pris la peine de me lire, c’est toujours important pour un auteur de savoir que ses textes ne demeurent pas perdus dans les limbes de la toile virtuelle ou le tiroir d’un bureau. 😉

 

   Pour ceux qui voudraient connaître le début de l’histoire : [Publication] Recueil « Sombres Tombeaux »

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6 réflexions sur “[Publication] Quand l’histoire se termine…

  1. symphoniedescieux dit :

    C’est à peu ce que je regrette avec certaines maisons d’éditions et revues de l’imaginaire : c’est qu’elles ne bénéficient d’aucune visibilité. Seuls les auteurs eux-mêmes, qui participent à des appels à textes, les connaissent finalement et les achètent (du coup, il serait peut-être intéressant de les chouchouter, non ?^^). La faute au manque de publicités ? sans aucun doute. Je déplorerais aussi un manque de moyen, le nombre considérable de livres publiés en permanence, et malheureusement la réputation des genres de l’imaginaire, encore aujourd’hui, trop souvent considérés comme de la sous-littérature (et les nouvelles ? n’en parlons pas… >< Le comité de lecture a choisi ces nouvelles, les a estimées de qualité, et pourtant la maison semble traiter les auteurs comme quantité négligeable…

    Comment dès lors ne pas se sentir décourager ? Ce n'est pas si étonnant que tant d'auteurs préfèrent aujourd'hui se tourner vers l'auto-édition. C'est extrêmement difficile de voir un roman ou une nouvelle publiés, et même quand c'est le cas… on n'a pas la garantie d'être lu ni même de durer un minimum dans le paysage littéraire… :\

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    • bulledeleyna dit :

      Je suis d’accord, il s’agit d’une niche de genre hyper spécialisée où vivotent de petites maisons d’édition grâce à un lectorat restreint (et souvent le même d’une maison à l’autre). Et certes, la SFFF subit toujours un certains snobisme dû à l’image véhiculée par les médias (qui ne peuvent s’empêcher de la rattacher à l’adolescence notamment), les prix littéraires généralistes (qu’on refusera systématiquement de donner à une oeuvre de genre), les clichés surexploités au cinéma…

      Il n’empêche que certaines des petites maisons citées sont généralistes, et qu’elles ont donc l’occasion de défendre l’imaginaire comme tout autre genre. Or ce n’est que rarement le cas. On peut certes trouver la SFFF pas à son goût, mais alors soit on reste professionnel et on fait le même travail sur chaque livre, soit on ouvre une maison d’édition spécialisée dans le genre qu’on aime et on évite de mépriser les gens qui apprécient l’imaginaire.

      Et au delà des genres, ce sont bien les auteurs qui sont malmenés par le monde de l’édition. Un peu comme les paysans dans le monde agro-alimentaire, les infirmiers dans le monde médical… Ce sont des acteurs qui font une part importante du travail, et pourtant on les paie à un pourcentage dérisoire, sous le prétexte qu’imprimer et diffuser coûte cher. Et le numérique ? On peut savoir pourquoi on n’est qu’à 10% (partagés entre auteurs si c’est un recueil) sur un produit dématérialisé ? Il n’y a rien à donner à l’imprimeur. Et si ce n’est pas ça, c’est la durée d’exploitation (genre, toute la vie pour bien t’embêter si jamais tu as un différend avec eux), les formes d’exploitation (audiovisuelle ou en langue étrangère, alors qu’ils ne s’en serviront jamais…) les clauses abusives (du type, vos cinq prochains textes seront à nous)… Comment ne pas trouver cela méprisant ?

      Déjà que ce n’est pas glorieux, mais en plus l’éditeur a le droit de jeter l’auteur comme un mouchoir dès qu’il ne lui trouve plus aucune utilité ? Mais, le contrat, c’est X années ! L’auteur s’engage pour X années à céder ses droits, l’éditeur s’engage pour X années à publier le texte. X années, c’est X années. Eux ne s’embêtent pas pour le rappeler quand on veut récupérer son texte. S’ils ne sont pas en faillite, ils n’ont pas de raison valable d’annuler un contrat en envoyant un mail lapidaire, comme certains enverraient un texto en guise de rupture. A moins que la communication soit si mauvaise qu’elle en devient douteuse, ça ne m’étonnerait pas dans ces cas-là qu’il s’agisse d’une décision prise unilatéralement par des individus n’ayant qu’une vision matérialiste de la littérature.

      Fort heureusement, il existe encore des maisons d’édition de qualité et qui ont une vision humaine de leur travail. On peut remercier les gens qui s’y démènent, vraiment. 🙂

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      • symphoniedescieux dit :

        Tiens, ça me fait penser que je suis tombée sur un article qui en parlait l’autre jour, je vais essayer de le retrouver pour te l’envoyer^^
        Mais je suis d’accord, les auteurs sont quand même souvent malmenés alors qu’ils sont le premier maillon de la chaîne :\

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  2. antios dit :

    Comme tu le dis, ton expérience est loin d’être un cas isolé, et c’est réellement énervant de voir le mépris, du moins le manque de respect dont font preuve certaines maisons d’édition. Franchement, le minimum est d’envoyer un mail à tous les auteurs du recueil du moins pour les informer, au mieux pour leur demander si cela les chagrinait vraiment (bon, peut-être que la majorité n’aurait pas été d’accord, ce qui semble logique, donc on préfère faire ça dans son coin). C’est comme si les auteurs ne comptaient pas, alors que sans auteur la maison n’est rien et que l’inverse n’est pas spécialement vrai (et de plus en plus aujourd’hui avec l’autoédition). Qui plus est, pour l’auteur un texte n’est pas qu’un « texte », il est une part d’eux-mêmes, il représente plus que de simples lignes sur un fond blanc.

    Bref, je trouve ces pratiques franchement honteuses et surtout très irrespectueuses envers l’auteur que l’on jette un peu comme un kleenex. Quant à l’argument du peu de ventes réalisées, c’est certain que, comme tu le spécifies, sans effort de la maison d’édition pour promouvoir le recueil, c’est très compliqué de toucher un public en-dehors des proches, amis, de l’auteur.

    Bref, je suis désolé pour toi Eleyna et je te soutiens 😉

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    • bulledeleyna dit :

      Merci Antios. 🙂

      L’argument des ventes peut justifier l’arrêt de publication de nouveaux recueils ou de nouveaux livres dans une collection, il ne peut pas, pour moi, justifier l’annulation de contrats existants (tu vas jusqu’au terme du contrat et tu ne le renouvelles pas). Tu as pris un risque, tu l’assumes jusqu’au bout (ou alors, tu t’accordes avec TOUS les partis pour un arrêt de publication). Et si tu tiens vraiment à cette liberté, tu donnes le droit aux auteurs de récupérer leurs textes quand ça les arrange et sans se justifier. Les mêmes droits des deux côtés, il n’y a pas de raison.

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  3. antios dit :

    Entièrement d’accord !

    Ce que je déplore vraiment c’est la communication. La communication, ça ne coûte rien. Cela doit être naturel, évident, quand on choisit de se lancer dans l’édition qui est aussi une aventure sociale, une aventure humaine. Le respect, pour son oeuvre comme pour lui-même, c’est la première chose qu’un auteur doit ressentir auprès d’une maison d’édition. C’est mon ressenti.

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